Le Monde de Meumeu
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Mam'zelle Ardoise
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Mam'zelle Ardoise


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MessageSujet: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeJeu 30 Nov - 6:42

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Chapitre 1 : MOI, ARDOISE...

Mes Mémoires ScarSRGGA1D2701200511154711835

Au seuil de ces pages, souffrez que je me présente : Ardoise, quinze ans depuis le mois de mai, chatte grise demeurant chez Scouby.

Il y a déjà quelques années, j’ai entrepris la rédaction de mes mémoires, que je vais vous livrer ici…
Je tiens à vous signaler que TOUT ce que je dis est véridique, ma secrétaire à deux pattes écrivant sous ma dictée… Il se peut qu’à certains moments elle ait interprété certaines de mes mimiques ou mes faits et gestes selon sa psychologie humaine, elle a « traduit » si vous voulez… mais elle n’a rien inventé ! Parole de chat !

Je crois qu'il vaut mieux commencer par le début, vous ne trouvez pas ? Quand j'étais tout chaton, ma vie a débuté sous une bien mauvaise étoile : j'ai été battue, affamée, martyrisée... Vous ne pouvez pas vous imaginer tout ce que j'ai subi. Puis le Dieu des chats (s’il existe, ce dont je ne doute pas) s'est dit un jour : "Maintenant ça suffit ! Faisons tourner la roue de la chance pour cette petite chatte grise !" Et la roue a tourné... Pas trop tôt à mon avis !

J'ai été recueillie par une association d'animaux en détresse : Veeweyde, à Bruxelles. On m'a enfermée dans une grande cage avec de nombreuses autres chattes, on m'a soignée et on m'a donné à manger... Une gamelle géante, pleine à ras bord, dites donc ! Je me suis jetée dessus, vous pensez bien ! Après, j'ai appris que tout le monde avait le droit de manger dans cette gamelle, elle ne m’était pas exclusivement destinée... Mais j’étais toujours la première à y plonger, vu que je suis un chat dominant, ah ah ! Même si j'ai l'air tout modeste, ne vous y trompez pas, je suis dotée d’un petit caractère bien trempé!

Le temps a passé... J'étais contente dans ma grande cage, je dormais sur des vieux journaux. Il y avait même une petite porte qui donnait sur un jardin grillagé. J'ai appris à faire mes petits besoins dans un bac de sable, il paraît que c'est important pour la sociabilité ! Et pour la réinsertion dans la société !

Des gens passaient nous voir, nous dévisageaient sous le nez comme une marchandise à l’étal… Parfois une des chattes de la cage disparaissait : elle avait été adoptée. Mais moi, on ne me remarquait pas. J'étais tellement grise, anonyme, passe-partout... Personne ne me voyait ! Personne ne pouvait deviner la merveille que j'étais, en réalité...

Et j'ai attrapé le coryza : et que je redifle, et que j'éterdue...

Et naturellement, c'est quand j'étais là, avec mon petit nez rouge et mon air pitoyable, que quelqu'un a fait attention à moi ! Un bonhomme, vous savez, de la race de ceux qui se tiennent debout sur deux pattes. Non, non, pas un singe ! L’autre espèce, vous voyez ce que je veux dire ?
Il avait l'air tout triste parce que sa chatte siamoise était morte depuis peu, il venait voir ici, au hasard... Un hasard qui fait bien les choses ! En réalité, encore un petit coup de pouce du Dieu des chats !

Moi, j’ai aussitôt pris la situation en pattes ! Quand la jeune femme préposée à notre service a ouvert la cage pour permettre au bonhomme de nous voir de plus près, j'ai grimpé le long du blouson de cet inconnu et j'ai fourré ma petite tête ronde dans son cou! Atchoum !
La partie était presque gagnée... si ce baudit coryza voulait bien be lâcher !

Heureusement, je n'étais atteinte que de façon bénigne... et deux jours plus tard, le bonhomme est revenu, avec une bonne femme et un petit jeune homme. Ma future famille...

Mon regard a croisé celui du petit jeune homme… et des étoiles ont explosé dans ma tête. Je l’ai senti, je l’ai compris là, en cette minute cruciale : j’allais vivre une grrrrande histoire d'amour ! De son côté, il m’a adorée immédiatement, j’étais, à n’en pas douter, la chatte de sa vie !
Un vrai roman de Barbara Cartland ! Avec moi pour héroïne !

C'est comme ça que j'ai été adoptée ! On m'a enlevée de la cage et, après la visite obligatoire chez la vétérinaire de service pour me faire délivrer mon ticket de sortie, j'ai pris place dans une voiture (eux assis sur les sièges, moi tapie dans une jolie boîte en forme de maisonnette) et en avant pour ma nouvelle vie !!!
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marguerite57
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeJeu 30 Nov - 7:38

merci beaucoup Very Happy
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Mam'zelle Ardoise
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeVen 1 Déc - 9:53

Chapitre 2 : MA NOUVELLE VIE.

Nous sommes arrivés à l’appartement où j’allais habiter désormais. J'étais toute heureuse parce que j'avais compris que j'allais vivre chez le petit jeune homme si sympa... Adieu la cage et les copines ! Sans regrets !

Ma prison de carton s'est ouverte. J'ai fait quelques pas au-dehors, en clignant des yeux.
- Voilà, petit chat ! Tu es dans ta nouvelle maison ! a claironné ma nouvelle mère d’adoption !

On m'a fait visiter les lieux en grande cérémonie : la cuisine, avec une assiette et un petit set de table par terre, pour moi. La salle de bains, avec un bac de sable tout préparé... Il y a même un couvercle pour protéger mon intimité, j’approuve, c'est bien ! Le salon, nouvellement meublé... Personne ne le savait encore à ce moment-là, mais je n'allais en faire qu'une bouchée, de ces fauteuils et de ce canapé tapissés d’un tissu rembourré qui céderait si délicieusement sous mes dents et mes griffes... Mais ce jour-là, je me tenais comme une petite jeune fille bien élevée.

Ils se sont assis pour me câliner et moi, pour ne pas faire de jaloux, je sautais d'une paire de genoux à l'autre : hop ! hop ! hop !
- Comme elle est gentille ! s'écriaient-ils en choeur. "Ardoise ! Ardoise !"

Oui, parce que j'avais un prénom, maintenant : on ne m'appelait plus "Foulcan Salcha" comme quand j'étais toute petite ou "Petit chat gris". Maintenant, on me dit "Ardoise" et j'ai même des papiers d'identité, vous imaginez !

C'est peut-être un drôle de nom, Ardoise, mais c'est parce que j'avais, en ce temps-là, exactement la couleur d'une ardoise : un beau gris tirant sur le bleu. Par la suite, comme je me suis épanouie en largeur, des rayures sont apparues sur ma fourrure, mais ça n'enlève rien à mon charme, rassurez-vous !

Donc, en ce premier jour, tout était rose pour moi... Je me suis baladée dans la salle à manger, sur la table... On m'a filmée, on m'a prise en photo... C'était moi la vedette, ce rôle me plaisait !

Par la suite, j'ai fait attention où je mettais les pattes. En effet, j'avais bien compris que je prenais la place d'un autre chat disparu. Et vous n’ignorez pas que c'est toujours très délicat, mettre ses pas dans les pas de quelqu'un d'autre, on peut faire des gaffes... Moi, je trouvais que ma tâche n'était pas si facile : mon "prédécesseur" était une chatte siamoise, Caramel. Et, malheureusement pour moi, Caramel avait toutes les qualités : charme, élégance, classe...

Je ne pouvais pas rivaliser avec ça, vous comprenez ? J'étais mignonne, gentille, mais pataude, un peu maladroite sur les bords, un peu brouillon... mais ils m'ont aimée justement pour mes différences, je m'en suis aperçue à mon grand soulagement !

Ah, j'ai vite pris ma place dans cette famille ! La place qui me convenait, bien sûr : la première... il ne pouvait en être autrement !
Et les années ont passé.

Je peux dire que je ne me suis pas ennuyée une minute dans cet appartement, je vous assure ! Vous me direz : "C'est quand même petit un appartement, pour un chat !" Mais non! Surtout quand le chat en question a une sacrée dose d'imagination !

Il y a d'abord les jeux : c'est très excitant de se faire un pari : "Je fais tout le tour du salon sans mettre une patte par terre, en deux secondes quarante-deux centièmes !" Et zoum ! On y va ! Pari gagné !
Dans ma tête, la foule applaudit : "Allez-Ardoi-se, allez-Ardoi-se, allez Ar-dois-z' allez !"
Dans la réalité, mes nouveaux parents sont un peu verts : ils ont vu passer une flèche grise au ras du plafond, puis sur chacun des meubles : poum-poum-poum ! et se sont attendus à entendre un fracas de verre brisé... mais non ! Je suis plus adroite qu’on ne le croirait !

Quand ce jeu-là est terminé, je me choisis une place préférée, où je vais rester pendant une semaine au moins. Ma famille prend doucement l'habitude de mes lubies successives: "Où est le chat ?" "A sa nouvelle place, sur la télé... ou sur le vidéo... ou au sommet de la garde-robe..."
Mais ma vraie place préférée, c'est bien sûr, le radiateur qui se trouve devant la grande fenêtre du living ! Il y fait chaud et ma mère à deux pattes y a disposé des petits coussins bien confortables, rien que pour moi !
J'ai une position dominante, je soulève le rideau avec ma tête et je regarde au-dehors... Je vois des voitures, des autobus, des personnages tout petits...

Et la nuit, je vais dormir sur le lit de mon Grand Amour, Olivier. Je suis sa Juliette à moustaches, il est mon Roméo !
Plus tard, nous nous marierons et nous aurons beaucoup d'enfants...
C'est ce que je pensais au début... et j'ai vieilli béate, sans me rendre compte que mon Roméo, lui aussi, grandissait et porterait bientôt ses yeux ailleurs...
Scouby (ma « mère ») a essayé de temps en temps de m'ouvrir les yeux :
- Voyons, ma Minette, lui c'est un être humain et toi une chatte !
Exactement, vous voyez, comme Mme Capulet a pu dire à sa rejetone : "Voyons Juju, lui c'est un Montaigu, et toi une Capulet !"
- Mais je l'aaaaaaaime !

Et je SAVAIS que c'était réciproque ! Quand il rentrait de l'école, son premier regard était pour moi. Je quittais mon radiateur, je l'accompagnais dans sa chambre et je l'aidais à faire ses devoirs : je me couchais sur son cahier en le fixant de mes yeux verts, pour qu'il sente bien à quel point je l'encourageais ! Nous regardions la télévision ensemble... La nuit, je me couchais au pied du lit !

De son côté, je dois dire qu'il faisait de son mieux pour me soutenir dans les épreuves difficiles de ma vie de chat : quand nous allions chez le vétérinaire, par exemple...

Oh la la, quelle horreur mais quelle horreur ! Que je vous raconte : d'abord, on me fourre dans un panier, on quitte mon appartement chéri... Vais-je le revoir ? Je pousse des clameurs déchirantes. "OUIIIIIIIN !"
-Voyons Ardoise... murmure Scouby, un peu gênée sous le regard désapprobateur de sa voisine de palier ("Bourreau de chatte, va !").
Nous entrons dans la voiture... Je suis secouée, je déteste ça ! Puis nous arrivons chez le vétérinaire... A la porte, toute gémissante dans mon panier, je croise un roquet qui me regarde d’un air goguenard. Visiblement, il rigole !
On trouve de tout, chez ce véto ! Quelle société mélangée, vraiment ! Je suis outrée !

Puis, après une longue attente (je commence à m'ankyloser), on passe dans le cabinet de consultation.
On ouvre mon panier... Moi je me suis cachée tout au fond, sous le petit coussin, il faut un tire-bouchon pour m'en extraire ! Je suis sur la table d'examen, je flageole sur mes pattes ! Mon Grand Amour de Roméo a l'air aussi malheureux que moi, ça me console un brin. Il me donne de petites tapes encourageantes sur le dos.
Et on m'examine : les gencives (aaaargh !), les yeux (j'aime paaaas !), les oreilles (Non mais des fois !). Et puis après, on me PIQUE !

- Voilà, tu es vaccinée ! me dit Scouby avec un large sourire.
J'ai envie de mordre, mais comme je suis gentille (c’est une tare congénitale), je préfère retourner dans mon panier et m'y effondrer. Enfin, à mon grand soulagement, on reprend le chemin de la maison...

Et cette comédie se reproduit au moins une fois par an, vous imaginez ! Je vous entends soupirer : "Pauvre Ardoise !"
Merci, merci...

Donc, les années passent, paisiblement pour moi, laborieusement en ce qui concerne ma famille humaine, soumise au rythme infernal du métro-boulot-dodo.

Sereine, j'assiste à toute cette agitation sans y prendre part. Perchée sur un dossier de fauteuil, je fais ma toilette avec une savante minutie. Ce poste d'observation est idéal : je n'ai qu'à tourner légèrement la tête pour voir les voitures rouler sur le boulevard, les petits oiseaux sautiller gaiement sur la terrasse ("clac-clac-clac !" font mes dents agitées par un mouvement spasmodique. "Piip, piip, piip ! " font les moineaux bien à l'abri derrière la vitre que je ne peux franchir).

Si je tourne la tête de l'autre côté, j'ai une vue panoramique sur la salle à manger et le hall d'entrée. Quand un quelconque bipède (Daniel pour ne pas le nommer), éreinté par une journée de dur labeur dans un bureau, fait irruption dans l'appartement, je le contemple tranquillement. Satisfaite de ma position élevée, je ne daigne pas relever les commentaires qui volent bas : "Ce chat ! Il ne pense même plus à se lever pour nous accueillir gentiment ! Pacha, va !"
Mais si, je suis un chat, n'en doutez pas...

Pour faire plaisir (quand même), je me lève nonchalamment, m'étire (Aaaaah ! Ca fait du bien !) et saute sur le sol afin de montrer à l'arrivant où se trouve la cuisine... avec le meuble le plus fascinant qui soit : un frigo ! Puis je vais me poster devant mon écuelle vide et la regarde d'un air de douloureux reproche. Message perçu à 100 % !

On déverse quelque chose dans ma gamelle... Qu'est-ce ? Cela me plaît-il au moins ? "Délichattement", je renifle, tâte d'un bout de langue circonspect. "Bouchées tendres en sauce" de Kitekat. J'aime mieux les barquettes en gelée de chez Félix, mais il paraît que je dois manger de tout. Résignée, je lèche la sauce. La sauce seulement. Les "bouchées tendres" attendront, ah ah !

Voilà maintenant Scouby qui rentre avec des sacs à provisions. Moi, toujours pour faire plaisir, je suis sur les genoux de mon père d'adoption, nous regardons la télé ensemble. Mes oreilles se dressent afin de suivre les déambulations de ma "mère" qui va déposer ses achats dans la cuisine. J'entends le froissement des sacs en plastique... et ne puis résister ! J'ai une passion pour les sacs en plastique ! Il faut absolument que j'en essaie un ! Je file dans la cuisine, fonce, tête la première, dans un des sacs...
- Attends, Ardoise, les provisions sont encore dedans !
Elle se dépêche de les ranger. Sitôt que le sac est vide, je me niche à l'intérieur, avec volupté ! Ah ! Le roi des chats n'est pas mon cousin !

- Méééééééou ! Méééééééou !
- Tu as faim ? Mais... il reste des boulettes de viande dans ta gamelle !
- Méééééou ! Elles sont toutes sèches, regarde ! Je ne sais pas qui a mangé la sauce !
- Oh, ma pauvre ! Daniel ne t'a rien donné ?
- Rien, je te jure ! J'ai faiiiiim !
- Tiens, ma pauvre Chachatte ! Malheureuse minette affamée ! Daniel, tu pourrais bien nourrir cette petite bête quand tu rentres du travail, au lieu de sauter sur la télécommande ! Et toi aussi, Olivier ! Si je n'étais pas là, ce pauvre animal ne recevrait jamais rien à manger !

Je lui coule un regard dégoulinant de reconnaissance... et le tour est joué !
Qui me traite de menteuse ?
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeDim 3 Déc - 14:02

merciii ardoise jadore la suiteee Very Happy cheers santa
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeMar 5 Déc - 9:48

en veut la suiiiitttteeeee Very Happy cheers
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeMar 5 Déc - 12:39

Ne vous inquiétez pas, ça vient, M'dame Marguerite !

Chapitre 3 : WEEK-END A LA CAMPAGNE.

Je préfère la semaine au week-end ! La semaine je me repose, mais le week-end est traumatisant : nous allons à la campagne, dans la vieille baraque que Scouby et Daniel sont en train de retaper pour aller y habiter plus tard.

Ainsi, l'autre jour, je regardais Scouby empiler dans le hall d'entrée des sacs bien garnis. J'aurais dû me douter que cela présageait un départ imminent, mais je ne me suis pas méfiée. On ne peut pas penser à tout.

Je m’endormais paisiblement quand j'ai entendu mon nom susurré avec une douceur suspecte. En même temps, on m'a soulevée de mon fauteuil et fourrée, sans que j'aie le temps de reprendre mes esprits, dans cette affreuse cage d'osier que je honnis !
Indignée, j'ai poussé un long miaulement lugubre, mais rien à faire ! On part quand même, malgré mes protestations !
On pose ma cage sur le siège arrière de la voiture et un instant plus tard, tout se met à vrombir, à vibrer ! Affreux ! Les premières minutes de ce calvaire, je demeure muette, tétanisée.

A peine sur l'autoroute...
- Le chat a l'air assez calme....
- MIAAAAAAA !
- Ca y est, j'ai parlé trop tôt, la sérénade commence !
De Bruxelles à Charleroi (60 kilomètres de route), j'entonne mon grand air :
- Aaaaaaaaah ! Aaaaaaaaaaaaaaaah ! J'veux paaaaaaas ! J'veux sortiiiiiiir ! AAAAAAAAAAAH !
- Ardoise, tais-toi !
Je ne supporte pas qu'on me réponde sur ce ton. Ma voix atteint des accents dignes de la Castafiore : "AAAAAAAAAAAAH ! OOOOOOOOOOOOH ! AU SECOUUUUUURS !"
- Cette chatte va devenir aphone !
Aucun danger : vous n'avez pas fini de m'entendre !

A Charleroi, je me repose un tantinet : la voiture s'est arrêtée parce que Scouby va dire un petit bonjour à sa soeur qui travaille là.
Ladite soeur vient jusqu'à la voiture saluer Daniel et m'admirer.
- Oh, comme elle est minouche... Et si sage !
Sans commentaires !

De Charleroi à Beauraing, encore 50 kilomètres. J'agrémente la route de mes robustes vocalises.
Enfin, nous arrivons !

Je suis donc dans la voiture, à gémir sur un mode aigu très éprouvant pour les oreilles humaines... je le sais, c'est pour ça que je le fais ! Mais enfin, un parfum connu vient chatouiller mes narines : de la terre mouillée, du sapin... Nous sommes arrivés ! La voiture s'engage dans le virage qui conduit à notre village... Mon panier tangue ! Ne riez pas, je me suis un jour retrouvée par terre, entre les sièges, dans ma cage renversée ! Et mes deux bipèdes qui ne s'apercevaient de rien !
Ce sont des cas, ceux-là, je vous jure !

Je vais enfin pouvoir me dégourdir les pattes !
- Pas maintenant, Ardoise, attends que la voiture soit déchargée !
Et hop ! On saisit mon panier, on le place sur un meuble (par terre il fait trop froid), avec l'ouverture contre le mur, pour que je ne puisse pas m'évader ! Il faut dire qu'à l'époque déjà lointaine où ils ne connaissaient pas encore mes multiples talents, ils se contentaient de poser le panier sur un fauteuil. Un jour, en digne émule de David Copperfield (le magicien), je me suis mise à l'ouvrage : millimètre par millimètre, je me suis faufilée entre les barreaux d'osier ! Triomphante, j'ai débouché à l'air libre, laissant derrière moi ma cage bien close. Ce fut ma première et dernière tentative réussie : maintenant, ils prennent leurs précautions ! Je sais bien que c'est pour ne pas me perdre... mais ils pourraient me laisser un peu de liberté, quand même ! Je meurs d'envie de courir à l'aventure dans les champs...

De longues minutes plus tard, une fois la porte de la maison fermée au verrou, on me libère enfin.
Je fonce droit sur ma gamelle du week-end, qui m'attend sur le sol de la cuisine. Elle est très jolie, ma gamelle, toute blanche avec un petit clown peint dessus. Je possède aussi le bol assorti...
- J’ai choisi cette assiette d’après ta personnalité profonde, chère Ardoise ! ronronne Scouby.
C’est bien gentil… mais pourquoi un petit clown ? Je suis perplexe.

Mais que vois-je ? Ma gamelle est VIDE ! Scouby n'a même pas pris le temps de la remplir ! De telles émotions accumulées vont me donner une crise cardiaque, à la fin ! Je m'époumone.
- Vite, à manger pour le chat ! Pauvre minette !
Ah, quand même ! Ce n'est pas trop tôt, il y a comme du relâchement dans le service, on dirait...
Je mastique lentement une ou deux boulettes de viande. Ce n'est pas que j'aie vraiment faim, mais une assiette remplie, ça me donne un sentiment de sécurité. C'est psychologique.

Pendant que je me remets de mes émotions, Scouby range nos affaires, tandis que Daniel, l’homme de service, tente d'allumer le poêle à bois.
Très intéressée par cette opération, je m'approche et l'observe, prête à lui porter secours.

Phase n° 1 : il s'aplatit sur le sol, au niveau de l'ouverture du poêle. C'est fou ce qu'il ressemble à un chat, comme ça ! C'est sûrement pour me faire plaisir ! Je frotte ma tête contre son épaule en roucoulant. Puis je saute sur son dos : "Hue, cheval !". Je ne sais pas pourquoi, mais il n'a pas l'air d'apprécier... surtout que j'ai sorti mes griffes pour les agripper à son pull. Je me fais rabrouer. C’est toujours les mêmes qui trinquent.

Phase n° 2 : il enlève la cendre du bois que nous avons brûlé le week-end passé. Je gambaderais bien dans cette poudre grise, mais cela m'est strictement interdit, comme tant d'autres activités amusantes, hélas...

Phase n° 3 : il froisse des feuilles de papier-journal, les fourre dans le poêle et craque une allumette. Le papier flambe. Comme c'est joli ! Je m'approche, pour observer cela de près.
- Tu veux brûler tes belles moustaches, Ardoise ?

Phase n° 4 : il ajoute du petit bois... et nous nous mettons tous à larmoyer et à tousser. Une fumée épaisse envahit la cuisine. Argh ! Argh !

Phase n° 5 : on ouvre une fenêtre, en me tenant à distance bien sûr : quand tout le monde s'amuse, je ne peux jamais participer, c'est trop injuste !

Phase n° 6 : Le bipède agite un journal en faisant de grands moulinets avec les bras, pour chasser la fumée au-dehors.
Tiens, les voisins n'ont pas encore appelé les pompiers !

Phase n° 7 : on referme la fenêtre. Le poêle consent enfin à évacuer la fumée par l'orifice de la cheminée. Daniel n'a plus qu'à ajouter une grosse bûche et voilà, le feu a pris ! Après-demain, quand on devra repartir, il fera idéalement bon dans la maison. C'est toujours comme ça.

Pour l'heure, nous sentons tous le jambon fumé, même moi !
Le feu de bois, c'est peut-être bien pittoresque, mais j'ai une nette préférence pour le chauffage central. J'évoque avec nostalgie mon appartement bien douillet : mon petit coussin sur le radiateur, ma place bien chaude sur le carrelage de la cuisine...

Une exclamation horrifiée détourne le cours de mes tristes pensées.
- Oh, zut, il y a de nouveau des souris ! Elles ont mangé le paquet de spaghetti et le chocolat !

Des souris ? Je pense qu'il va falloir que je joue le rôle du chat, dans cette maison ! Je ne sais pas pourquoi, c'est toujours moi qui m'y colle ! Comme je suis bonne fille, je prends un air inspiré et je flaire, longuement, le moindre petit coin.
Elles sont là, je le sens ! Leur trou doit se trouver sous l'armoire de la cuisine !
Pleine de zèle, je m'élance. Si je leur fais bien peur, elles partiront ! Pas question que je leur fasse du mal : je ne pourrais faire souffrir une mouche ! Mais ça, mes humains n'ont pas besoin de le savoir...

Je me précipite sous l'armoire... mais que se passe-t-il ? Je suis arrêtée dans mon élan ! Je rame désespérément des pattes, tandis que mon petit ventre bien dodu et mes petites cuisses bien enveloppées restent coincées ! Je ne peux plus avancer !
Me tortillant comme une danseuse de french cancan, je parviens à rebrousser chemin et à me sauver de cette périlleuse position.
C'est-y que j'aurais un peu grossi ? Je ne l'aurais pas cru...
QUI a émis un ricanement discret, là, derrière moi ?

Changement de tactique : je vais guetter les souris DEVANT l'armoire. Je vais m'armer de patience et attendre, immobile comme un piquet, durant de longues secondes.
Mais que vois-je ? Ma petite balle de ping-pong, là, par terre ! Un de mes jouets préférés !
Je vais jouer, je reviendrai peut-être guetter les souris après... si je ne les ai pas oubliées entre-temps.
- Ici, les souris ont de la chance ! dit Scouby.
Elle ne croit pas si bien dire...

Un peu plus tard, je suis dans la cuisine, en train de me restaurer dignement pendant que mes parents regardent la télé au salon. Distraitement, Scouby pose les yeux sur moi... Surprise ! Elle en reste pétrifiée !
Je ne suis pas seule dans la cuisine : une petite souris grise, face à moi, fait également honneur à mon repas !
- Alors comme ça, vous habitez ici toute l'année ? demandé-je avec politesse, entre deux bouchées.
- Mais oui, zoli çat gris ! Ze manze ce qui reste dans les armoires ! Et ma famille aussi !
- C'est très intéressant ! Zut, ma mère nous a repérées ! Elle va de nouveau prétendre que je ne suis pas un VRAI chat !
- Z'est votre maman, là, zoli çat gris ?
- En fait, je suis une enfant adoptée, précisé-je modestement, c'est pour ça que nous ne nous ressemblons pas vraiment, Scouby et moi.
Nous mastiquons encore quelques instants, en parfaite harmonie.
- Ah ! Z'étaient bonnes, vos boulettes Kitekat !
- Voui, mais personnellement, je préfère le Félix ! Bon, maintenant c'est pas tout ça, va falloir que je fasse semblant d'être un VRAI chat ! C'est la corvée, ça ! Vous voulez pas vous mettre à courir pour que je vous poursuive ? C'est juste pour rire, vous savez !
Accommodante, la souris entre dans le jeu. Elle s'en va en trottinant. Je lui emboîte le pas en prenant soin de ne pas la rejoindre. Comme ma patte lui effleure la queue par inadvertance, je fais un petit bond en arrière : "Oh, pardon !"
- Y a pas de mal ! gazouille ma nouvelle amie en filant se cacher dans son trou (sous l'armoire, bien sûr).
Maintenant, Scouby en est sûre. Je ne suis pas un VRAI chat !
- Et on n'avait même pas de caméra ! soupire-t-elle. Personne ne va nous croire quand on racontera ça !
Pourtant, cela s’est réellement passé, je vous le jure ! Parole de chat !

C'est le soir, nous allons au lit. Comme nous sommes à la campagne et pas dans mon petit appartement douillet, je les suis dans la chambre et me faufile sous les couvertures. Je ne tiens pas à attraper froid !
- Ardoise, tu te coucherais dans le sens de la LONGUEUR du lit au lieu de la LARGEUR, je pourrais peut-être bouger les jambes, moi !
Quelle mesquinerie, vraiment ! Je ne réponds même pas.
Je m'endors et me mets à ronfler.
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marguerite57
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeMar 5 Déc - 19:55

ardoise je voie que tu tennuye passss Very Happy
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeMer 6 Déc - 18:25

jai lu hiere le 3 emes chapitre
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeJeu 7 Déc - 3:01

tu es magnifique ardoise
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeJeu 7 Déc - 6:30

Merci les copines !
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marguerite57
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeSam 9 Déc - 5:43

en veut la suite 1 par jour ardoise avant que je vais a lhopital bioussss
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dolores
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeSam 9 Déc - 12:27

c'est magnifique cheers cheers
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marguerite57
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 11 Déc - 11:29

aurait tu la suite merciii? Very Happy
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 11 Déc - 13:25

Chapitre 4 : CARAMEL

Vous savez donc que j'occupe, dans ma nouvelle famille, une place privilégiée... En arrivant, j'étais un peu timide, mais j'ai pris mes marques. Après quelques mois de cohabitation, vous auriez dû me voir : le regard malicieux, la fourrure soyeuse, de grands yeux d'un vert tendre et un petit bout de langue qui surgit, tout rose, quand je réfléchis ! Avec mon port de tête altier et mon appendice caudal dressé fièrement à la verticale, je corresponds à la plus élémentaire idée que l'on puisse se faire d'un félin satisfait de lui-même et du monde qui (bien sûr) tourne autour de lui !

- Oh oui, me dit Scouby, tu es une championne de l'autosatisfaction, on ne peut pas dire le contraire !
- Ben quoi ! Il a suffi d'un tout petit coup de pouce du destin, je me suis chargée du reste! J'ai bien mené ma barque, non ?

Je parle ainsi, mais en réalité, je n'oublie pas que je dois ma chance actuelle au décès d'une autre chatte, Caramel, à qui j'ai succédé.
Car tel est notre lot à nous, animaux dits "de compagnie". Souvent, notre arrivée est destinée à combler un vide, à surmonter un deuil. C'est comme ça et je n'y puis rien. Alors, autant faire avec !

L'autre nuit, j'ai rêvé... Ou n'était-ce pas un rêve ? En ma qualité de chat, je me retrouve si facilement à la lisière de deux mondes !
Donc, l'autre nuit, vous me croirez ou pas, j'ai fait la connaissance de Caramel. Sa forme fluide et longiligne est venue se poser délicatement sur le dossier du canapé où j'étais étendue. Je n'étais pas vraiment étonnée, il me semblait bien l'avoir déjà aperçue, en transparence, dans l'appartement. Bien entendu, je suis seule à détecter sa présence.

Donc, je n'étais pas surprise, mais plutôt intimidée : j'avais entendu tellement de choses à propos de cette chatte ! L'énumération de ses qualités, notamment : racée, intelligente, aimante... Mais aussi possessive, sûre de son bon droit et surtout, très bavarde ! Il paraît que c'est comme ça, un siamois.
Et voilà qu'elle était là, devant moi !

Elle me détaillait d'un regard quelque peu dédaigneux, en levant haut son nez de velours noir, d'une aristocratique longueur.
Visiblement, elle s'interrogeait : "Qu'est-ce que c'est que CA ?"
CA, c’était moi.
Enfin, elle a daigné m'adresser la parole.

- Comment t'appelles-tu, petite chose ?
- Ar... Ar... Ardoise !
Elle émet un petit reniflement distingué :
- A ce que je vois, mes humains n'ont pas perdu la détestable habitude de nommer un chat en fonction de sa couleur ! Il n'y a rien de plus bête, si tu veux mon avis. Un nom de chat se choisit en fonction de sa personnalité... Ainsi moi, est-ce que j'ai une tête à m'être appelée Caramel, dis-moi ?
J'ouvre des yeux comme des soucoupes. Que répondre pour lui faire plaisir ? Je veux être dans ses petits papiers, moi ! Je risque :
- Heu... Vous n'êtes pas un peu foncée pour un caramel ?
J'ai droit à un regard de pitié.
- Et voilà ! Tu tombes dans le même travers ! Soit dit en passant, ma robe est foncée parce que j'étais déjà âgée de 11 ans au moment de mon départ. Tu aurais dû me voir à trois mois, quand ils sont venus me chercher chez mes parents ! J'avais une robe couleur crème, absolument splendide...
- Comme une babelutte, alors ?
Elle me dévisage fixement, de ses yeux bleus devenus glacés. Je patauge.
- Vous savez, ces bonbons qu'on vend sur la côte belge, notamment à Dixmude...
- Je sais ! coupe-t-elle sèchement.
Je tente de me rattraper : "Et comment auraient-ils dû vous appeler, M’dame ?"
- Au moins Néfertiti ou Cléopâtre! Au cas où tu ne le saurais pas, petite chose, c'étaient des reines. D'Egypte !
Elle prend une pose hiératique et se place de profil.
Je digère l'information. Est-ce que je dois lui dire Majesté ?

A la recherche (ardue) de points communs entre nous, je relance la conversation.
- Vous venez aussi du refuge "Veeweyde"?
- Mais non, voyons ! Je viens de te dire qu'ils sont venus me chercher dans ma maison natale, à Dion-Valmont. C'est une commune chic, tu ne connais pas, petite chose... Ils ont fait la connaissance de mon père, de ma mère, de ma petite soeur et des humains à notre service... J'étais une jeune fille d'excellente famille !
- Ca se voit, dis-je sincèrement.
Elle est snob, mais bon ! Je ne vais pas en faire une maladie. MOI je ne suis pas une jeune fille de bonne famille, mais ce n'est pas donné à tout le monde, hein !

Aussitôt, elle se radoucit.
- Il faut avouer que tu as l'air d'une bonne pomme..., concède-t-elle gracieusement.
Et elle ne peut s'empêcher d'ajouter : "... comme on dit dans ton milieu !"

Quand même, le poids de mes ancêtres trop inconnus m'écrase ! Je n'ai pas la moindre idée de l'identité de mon père et me souviens si peu de ma mère ! Je ne sais même pas si elle était grise comme moi ! Accablée, je baisse la tête.

La chatte Caramel inspecte mon canapé.
- Tiens, ils ont changé l’ameublement de leur salon ? MON fauteuil à moi était plus seyant, tout en velours brun assorti à mon museau, mes pattes et ma queue !
- Oui, ces meubles sont entrés ici en même temps que moi !
- Il est déjà tout abîmé, ce canapé, tu vas vite en besogne, toi !
- Oui, je dois reconnaître que j'ai des griffes extra et des dents solides, dis-je d'un petit ton modeste.
D'un bond souple, elle saute du canapé et trottine vers la cuisine.
- Ils ont aussi changé la cuisine, dis-je. Uniquement pour me faire plaisir !
- Tu veux rire ! S'ils ont tout transformé, c'est parce que plus rien ne fonctionnait ! Quand je suis partie, le frigo venait de rendre l'âme et la cuisinière électrique menaçait d'en faire autant !
J'insiste :
- Non, non ! Ils ont tout démoli, ils ont enlevé toutes les vieilles armoires pour m'offrir un terrain de jeu !

C'est bien vrai, mes amis, vous savez !
Quand la cuisine a été vide, il n'y avait même pas de carrelage par terre, aux endroits où étaient précédemment encastrés les meubles et les appareils électroménagers ! Devinez ce qu'il y avait à la place ? Du sable ! Du beau sable bien blanc ! Toute une étendue de sable rien que pour MOI !
Je me suis amusée comme une folle durant quelques jours, avant qu'on vienne installer la nouvelle cuisine.
Ca, c'était un cadeau !

- Tu te moques de moi ? demande Caramel d'un miaulement soupçonneux.
- Me moquer de vous ? J'oserais pas ! dis-je vertueusement.
Et histoire d'enfoncer le clou, j'y vais d'une réplique racinienne : "Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur !"
La citation idéale pour briller en société, les copains, je vous jure !

La chatte Caramel passe l'éponge et poursuit sur un ton mondain :
- Et comment se porte la famille de nos humains ? Tu sais, tous ces gens que j'ai eu l'occasion de mordre un jour, à l'occasion d'un mariage, je crois. Celui de Philippe, le frère de notre Scouby.
- Mordre ? dis-je, sidérée.
- Bien sûr ! Il fallait bien que je manifeste mon mécontentement face à cette intolérable offense : mon appartement envahi, mes habitudes bouleversées ! Tous ces humains vulgaires qui prétendaient me caresser ! J'ai vite mis bon ordre à cela : à la fin de la fête, plus personne n'osait me toucher !
Je n'en reviens pas. Quel style !
- Note, poursuit-elle sur un ton de confidence, je n'ai jamais mordu sans prévenir ! Quand je levais la patte droite, ça voulait dire "Attention !" Il fallait être bien bête pour insister !
- Mais... ces gens ne comprenaient peut-être pas le langage chat ?
- Ca, ce n'est pas mon problème !
Je suis subjuguée. Qu'est-ce que j'aimerais avoir ce panache, cette allure ! A côté, je fais plouc, que c'en est lamentable !

- Vous... vous voudriez pas me donner quelques leçons, Vot'Seigneurie (j'aime mieux ça que Majesté) ? Moi, je n'intimide personne, mais j'aimerais bien ! Comment on fait ?
En avant pour une démonstration magistrale !

- La première règle, fondamentale, c'est : IMPOSER TON CARACTERE ! Ne jamais accepter un compromis ! Faire comprendre à ta famille qu'ici, le maître, c'est toi !
- Hou la la ! Comment je vais faire, moi ?
- Prenons une situation simple : ils sont à table, en train de dîner. Je parie que tu les regardes d'un air bonasse, sans bouger de ton fauteuil. Je me trompe ?
- Non... Mais pourquoi je les embêterais ? J'aime pas ce qu'ils mangent !
- C'est une question de PRINCIPE ! Il faut les harceler ! Ils t'enfermeront sans doute dans une autre pièce, comme ils le faisaient avec moi, pour avoir la paix... mais sois tranquille : à la fin du repas, ils t'ouvriront la porte et, si tu protestes bien haut contre l'indigne traitement dont tu es l'objet, non seulement ils te présenteront leurs plus plates excuses, mais en plus, ils empliront une assiette de victuailles choisies, rien que pour toi! Tu as compris ?
- Non.
Elle ne s'avoue pas battue et poursuit courageusement :
- Un autre exemple : ils mangent du chocolat ? Tu en EXIGES un morceau ! La fois suivante, ils attendront que tu fasses mine de dormir à l'autre bout de l'appartement et se rendront dans la cuisine à pas de loup, pour se servir en catimini. Ce sera la preuve que tu t'es montrée ferme dans tes exigences et qu'ils te redoutent ! Comme tu as de bonnes oreilles, tu entends le froissement du papier argenté et tu accours à toutes pattes, en manifestant bruyamment ton indignation, pour montrer que tu n'es pas dupe de leurs petites manières mesquines. Alors ? Qu'est-ce que tu en penses ?
- J'aime pas le chocolat.
- Tu as tort, moi j'adorais ! Mais j'ai dit du chocolat comme je dirais par exemple : des olives noires bien cuites, de la crème fraîche...
- Beurk ! J'aime pas tout ça ! Moi je veux mes boîtes "Félix" ! Ou alors une petite noisette de beurre salé ! Ou un chips à lécher !

Elle hésite, perplexe. Quel genre de chat suis-je là ? Finalement, sa décision est sans appel :
- Toi, c'est Bécassine qu'ils auraient dû te nommer !
- C'est une reine de quoi, ça ?
- Une reine des cloches ! Décidément, toute ton éducation est à faire, mais pour le moment je n'ai pas le temps ! Mais sois tranquille, je reviendrai ! A plus tard !
Et Frrrrrt ! Je me retrouve toute seule sur le canapé.

Reine des cloches...
C'est joli, une cloche. Nous en avons une, dans la tour de l'église de notre village du week-end. Elle sonne le temps qui passe, chante l'angélus de midi et de six heures. Elle est un peu fêlée, mais ça n'a pas d'importance.
Elle m'a fait un beau compliment, Sa Seigneurie !

Plus j'y réfléchis, plus je me rends compte qu'elle a raison.
Il faut que je fasse montre d'autorité, sinon mes humains n'auront jamais peur de moi.
Demain, c'est justement un jour férié, ils prendront leur petit déjeuner dans la salle à manger alors que je préfère prendre le mien avec Scouby, dans la cuisine, comme les autres jours. Mais ils s'en fichent de ce que je préfère ! En plus, ils vont se lever tard et j'aurai faim. Je devrai une nouvelle fois me dévouer pour les réveiller en leur léchant doucement les paupières pour qu'ils ouvrent les yeux, ou en faisant des bonds de carpe sur leur lit.
C'est trop d'injustice, vraiment !
Ils vont voir ce qu"ils vont voir !

Et voilà, ils sont à table et moi, juchée sur le dossier d'un fauteuil tout proche, je fais, du regard, l'inventaire des victuailles : pain, lait, café (Pouah !), confiture... Rien pour moi, là-dedans !
Ah ! Du beurre ! Salé, j'espère.
Je vais leur montrer qui est le MAITRE ici ! Je vais lécher le beurre, sur la table, et personne n'osera rien me dire !
Calculons notre saut : mon regard s'aiguise, mes muscles se tendent, mon derrière se tortille...

- Ardoise ! NON !
Toutes mes bonnes résolutions fuient en désordre.
- Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis assise ici, tranquille, sereine, à vous regarder, et vous me criez dessus !
- Tu allais sauter sur la table !
On ne peut rien leur cacher ! Scouby dit toujours que toutes mes pensées se lisent dans mes yeux clairs. Si seulement je pouvais porter des lunettes solaires !
Je transige : "Un tout petit bout de table ! Laissez-moi m'asseoir sur un tout petit bout de table ! Je ne bougerai pas, promis !"
Après, centimètre par centimètre, l'air ailleurs, je m'approcherai du beurrier...
- Pas question !
C'est mal parti !

Puisque c'est comme ça, je vais me réfugier dans mon Titanic !
Je surprends votre regard incompréhensif : "Le Titanic d'Ardoise ?"
Je vous explique : il y a quelques semaines, Scouby, en considérant mon beau panier en tissu "Félix", a constaté qu'il était un peu défraîchi.
- Il n'est plus très propre, ton panier ! Regarde tous ces poils gris !
- Mais ce sont mes poils à moi ! Et c'est ma délicieuse petite odeur qui flotte dans ce panier ! Tu ne vas quand même pas...
Si ! Elle a pris le panier et l'a fourré dans la machine à laver.
Il en est ressorti tout propre, ça oui ! Mais complètement amolli et un brin rétréci !

Maintenant, quand je m'installe dedans (ou dessus, selon mon humeur), je déborde de tous côtés. Quand je bouge, le panier penche, penche... un vrai Titanic ! En tout petit.
Scouby l'a calé entre un fauteuil et une plante verte, pour que je ne tombe pas à la mer.

Quand je pense à toutes ces boîtes de pâtée "Félix" que j'ai dû ingurgiter pour réunir le nombre de points donnant droit à un panier ! La publicité devait dire, je suppose : "Offrez une maison à votre chat !"
Ici, c'est le chat qui fait tout le boulot ! La maçonnerie, le revêtement intérieur et le reste !
A défaut d'avoir une brique dans le ventre, je commençais à la sentir dans l'estomac !

Une fois mon panier obtenu, j'ai continué à manger de la pâtée pour les autres félins de la famille qui, eux, n'aiment pas le Félix... Et un panier pour Scoubidou (la chatte de ma mémé), et une maison pour Pastelle (la minette de ma tantine)!... Les ingrates n'y mettent jamais les pattes, malgré tout le mal que je me suis donné !

Puis, Scouby a eu envie d'une horloge "Félix" pour la cuisine. Bonne fille, je me suis à nouveau dévouée.
L'horloge est arrivée. Elle est splendide, noire et blanche, les chiffres sont remplacés par des chats dans toutes les positions possibles et imaginables.
Au bout de trois semaines, l'horloge s'est arrêtée définitivement, à cinq heures vingt. Du matin ou du soir, je ne sais pas.
Comme Scouby devient un peu myope, elle ne distingue pas clairement les petits chats qui se contorsionnent entre les aiguilles immobiles, mais elle sait qu'ils sont là, ça suffit à son bonheur.

Pourvu que la marque "Félix" ne nous propose pas un autre objet publicitaire, j'en ai marre de mâchouiller interminablement !
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 11 Déc - 13:27

Chapitre 5 : SCENE DE LA VIE JOURNALIERE…

Parfois, mes parents d’adoption ont un petit côté "Dr Jekill-Mr Hyde" très inquiétant...

Ainsi, imaginez la scène suivante : un début de soirée paisible et harmonieux. Vous avez, assis tranquillement dans leur fauteuil respectif, un Méchant et une Méchante. L'un en train de regarder la télé, l'autre plongée dans un livre. Sur le dossier du canapé, un doux-z-animal, tout gris et duveteux, se repose tranquillement, persuadé que la vie est belle.
Malheureux doux-z-animal ! Il ne soupçonne nullement la tempête qui va s’abattre sur ses pauvres petites épaules.

Le doux-z-animal (candide et confiant) : gratt gratt gratt !
La Méchante (en un murmure sournois) : Ca y est, elle se gratte de nouveau !
Le Méchant détourne (avec effort) son regard du petit écran et le pose sur la malheureuse créature qui, inconsciente des idées sadiques qui se font jour dans l’esprit des Méchants, continue innocemment : gratt gratt gratt !

Le doux-z-animal : Ca chatouille ! Maudites puces !

Hélas ! Sur ces mots va se jouer un drame d’une crue cruauté ! Le décor est planté pour la tragédie. Les Méchants se lèvent, en catimini. Lui va dans la chambre et en revient, muni d’un aérosol. Elle se dirige vers la malheureuse petite victime qui ne se doute encore de rien et croit (quelle illusion !) baigner dans un climat d’amour et de sécurité.

Maintenant, les Méchants encerclent le doux-z-animal qui se prélasse toujours sur le dossier du divan. Pourquoi se méfierait-il ?

Le Méchant (caressant hypocritement la superbe fourrure à triple épaisseur, abri d’hôtes minuscules et indésirables) : Gentille Ardoise ! Beau chacha… guili-guili… Allez, Scouby, vas-y, asperge !"
Asperge ? Il est fou ou quoi ? Quelle est la place de ce légume dans ma vie à moi ? A peine ai-je le temps de me poser la question, que la réponse jaillit, terrifiante : asperge vient du verbe "asperger" ! AU SECOURS !
Pschhhhhht ! Une affreuse substance malodorante entre en contact avec ma belle fourrure ! Je me mets à gigoter, éperdue.
Je suis un chat-martyr ! Appelez la Fondation Brigitte Bardot ! Alertez les médias ! Voilà qu'on répand cette ignoble mixture (est-ce une poudre, un liquide ?) tout au long de ma colonne vertébrale ! AAAAAH ! C'est FROID !
- Ardoise, arrête de hurler comme ça, tu exagères !
Je voudrais l'y voir, moi !
- C’est pour ton bien !
Voilà, l’éternel refrain ! Dans le passé, on brûlait des pauvres sorcières pour leur bien ! On colonisait des peuples (qui n’avaient rien demandé) pour leur bien ! Qu’on ne croie pas que je tombe dans le panneau !

Ils me lâchent. Je saute à terre et cours au hasard dans la pièce, toute tremblante et désorientée, cherchant un abri où me dissimuler. Je ne trouve rien. Toutes mes belles cachettes, si ingénieuses, me semblent à présent dérisoires. Rien ne pourra me secourir en cette occurrence. Le désespoir me submerge.
Vous vous imaginez ? Je suis HIDEUSE ! J’ai les poils tout raides et je ressemble à un porc-épic !

Les Méchants considèrent leur œuvre, un peu gênés. Il y a de quoi !
- Pauvre Ardoise, elle est toute malheureuse ! s’apitoie l’arroseuse (pas arrosée hélas).
- Bah, ça lui passera ! Fallait bien le faire ! Elle nous remerciera plus tard ! commente le bourreau, à la fois fataliste et optimiste.

Après le désespoir viennent des pensées de vengeance : je balaie du regard les surfaces planes du salon, choisissant les bibelots que je jetterai à terre.
Pour me mettre à l’abri, je me cale derrière une statuette en bronze, très lourde, posée sur le coin de la cheminée. Il n’y a pas beaucoup de place, je suis un peu comprimée entre le mur et la statuette, mais ça ne fait rien. J’avance doucement la patte vers un affreux poisson en porcelaine que Daniel aime beaucoup.
- Daniel, ton poisson ! avertit la Méchante.
Il ne fait qu’un bond pour sauver son poisson. Puis il entreprend de débarrasser la cheminée de tout ce qui l’encombre.
Zut alors, ils ont compris ! Ils mettent en sécurité une lampe colorée en faux Tiffany (mon second objectif), le bronze derrière lequel je me terre (il pèse vingt-cinq kilos mais avec moi, on ne sait jamais) et me voilà toute seule sur la cheminée, toujours hérissée et fulminante.

Plus tard, quand ils me croient calmée et ne me regardent plus, je décroche le téléphone et laisse pendre le cornet. Dommage que je ne connaisse pas par cœur le numéro d’appel du refuge Veeweyde, je leur demanderais de revenir me chercher…
Mes parents d’adoption mettront deux jours avant de se rendre compte que je les ai coupés du monde extérieur…

Pour l’heure, je continue à ruminer de sombres pensées : ah, Scouby aura beaucoup de mal à se faire pardonner, je sens ça ! Je vais bouder jusqu'à...

Mais qu'entends-Je ? La porte du frigo qui s'ouvre ! Je tourne la tête, mine de rien, pour observer sans qu'elle me voie. Officiellement, je suis mortellement offensée. En réalité, ma colère commence à se diluer...
Du coin de l'oeil, je la vois prendre une boite de carton bleu. Je reconnaîtrais cette boîte entre toutes : du colin d'Alaska surgelé ! Mon plat préféré !
Elle pose deux ou trois briquettes de poisson sur une assiette, ouvre le four à micro-ondes... BZZZZZZZZZZ !
Je suis tout ouïe ! Oh, le chant harmonieux du four à micro-ondes !

BZZZZZZZZZ ! Ding !
Je bondis !
- Mon poisson est cuit ! Mon poisson est cuit !
- Attends, ma minette, faut que ça refroidisse !
C'est ça que je ne comprends pas : quand ça a fait "DING" c'est que c'est prêt, hein ? Pourquoi est-ce qu'il faut encore attendre ? C'est de la cruauté, ça !
Et ce bête colin qui met du temps à refroidir ! Il pourrait un peu se grouiller, celui-là !

Après de longues, longues minutes, j'ai enfin droit à mon poisson. Evidemment, je suis restée tout ce temps postée devant le four, bien droite, la queue en cierge. Faut pas qu'ils oublient de me nourrir, hein ? Ils me doivent bien ça après m'avoir torturée de si honteuse manière !
Le colin me paie de toutes mes souffrances. C'est absolument DELICIEUX !

- Bon, dis-je, ça va, je ne boude plus, je ne suis plus fâchée. Mais faites attention, hein ? La prochaine fois, ça ne se passera pas comme ça !
Bien entendu, ça se passe toujours comme ça... mais dans l'intervalle, j'aurai oublié !

Mes puces sont parties, mon pelage est redevenu soyeux. Une fois de plus, j'ai dû traverser l'épreuve de la visite chez mon véto et, comme je suis un chat qui s'intéresse à tout, j'ai jeté un coup d'oeil sur mon petit carnet de santé.
- Chat - Sexe féminin - Tricolore...
Tricolore, moi ? Je me campe devant le grand miroir de la lingère, m'examine soigneusement. Mon poil est gris... Bon, il y a évidemment plusieurs nuances de gris, je suis plus claire sous le menton, et si mon dos est un peu tigré, mon ventre est plutôt ocelé... C'est très joli je trouve. Mais quant à être tricolore... Qu'est-ce qu'il a voulu dire, le docteur ?
Après une laborieuse réflexion, je crois avoir trouvé : Mais-bon-sang-c'est-bien-sûr !
Je suis grise de fourrure, mais j'ai des yeux d'un vert tendre et une petite langue du plus joli rose !
Voilà pourquoi je suis tricolore !

Je poursuis ma lecture... Hein que vous aimeriez avoir un chat comme moi ? Unique. Du moins c’est mon opinion, très objective vous en conviendrez.
- Signes particuliers : néant...
Comment, néant ? Je suis ulcérée : ce vétérinaire a vraiment les yeux dans sa poche, il n'a pu apprécier à sa juste valeur l'être d'exception qu'il avait le privilège d'examiner en son cabinet ! "Néant" ! Non mais des fois !
S'il devait m'arriver quelque chose dans la rue, personne ne pourrait me reconnaître, à cause de cette infâme mention dans mon carnet de santé ! Personne ne s'écrierait : " Mais c'est Ardoise C…, je la reconnais à ses signes particuliers !"
Il faut absolument que je corrige cela : à la place de "Néant", je pose soigneusement l'empreinte de ma patte, comme une petite fleur ouverte. Au moins, on pourra me reconnaître à mes empreintes digitales...

Ensuite : "Tatouage : ACR... " et puis trois chiffres.
C'est vrai, je suis tatouée, pour qu'on puisse me reconnaître en toutes circonstances. Si je décidais un jour de faire mon baluchon et de me lancer à la conquête du vaste monde, il me faudrait déjouer une surveillance policière de tous les instants. Cette seule perspective suffit à me détourner de toute idée de voyage...

Finalement, je me sens si bien chez moi !!!
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 11 Déc - 13:29

Chapitre 6 : L'ETRANGER

Et voilà, l'habitude est prise ; tous les vendredis, je dois quitter mon appartement bien chauffé pour affronter la froidure de notre bicoque de campagne ! Avouez qu'il y a de l'abus !

Enfin, lentement l'hiver se passe et le printemps fait son apparition. Le soleil consent à me chauffer la plante des pattes. Dans le jardin, des jonquilles dorées pointent le bout de leur nez (si j'ose dire !). J'assiste à ce renouveau, en arborant une expression mi-pensive, mi-sévère, qui convient bien à ma petite figure grise... Même si je suis secrètement contente, je ne vais pas le montrer, hein ! Puisqu'ils ont l'idée biscornue de me traîner chaque week-end jusqu'ici, autant que mes humains s'inquiètent un peu en me voyant cet air lointain...
Assise sur l'appui de la fenêtre de la salle à manger, je pose sur le jardin un oeil blasé, voire désenchanté... La Dame aux Camélias, c'est moi !

Mais que vois-je ?
Scouby est assise sur la terrasse et un chat noir et blanc, pas timide pour un sou, se dirige vers elle en ronronnant. Vers MA Scouby à moi ! Quel toupet !

Ouvrons une petite parenthèse. Je suis un peu jalouse. Pas comme Sa Seigneurie Caramel, mais quand même un peu. Un soupçon... D'ailleurs, c'est toujours par un soupçon que commence la jalousie, n'est-ce pas ?
Il y a quelques semaines, j'avais bien senti, en humant une odeur étrangère, qu'un autre chat avait tourné autour de ma mère d'adoption... Je n'ai rien dit, j'ai simplement pensé: "Tiens tiens..." et j'ai manifesté envers ma famille une certaine froideur...
Et maintenant, le voilà, ce chat, là, devant moi ! De l'autre côté de la fenêtre !

Le nouveau venu fait des manières. Il ronronne, effectue des 8 autour des chevilles de mon humaine subjuguée, il lui jure que ce n'est pas pour recevoir de la nourriture qu'il vient, non, non, c'est par amour pour elle... Un amour éternel.
Visiblement, elle le croit.
Et vous, vous y croyez ?
J'abandonne mes attitudes romantiques et ricane. Intérieurement.

Scouby rentre dans la maison, farfouille dans le frigo, pose divers ingrédients sur la table de la cuisine…
Bien sûr, je saute sur la table pour contrôler les opérations.
Elle ouvre une boîte de nourriture pour chats, en emplit une assiette.
Je renifle. En temps ordinaire, je détournerais dédaigneusement la tête : "Fi ! Une boîte bon marché !"
Aujourd'hui, j'ai une position à défendre. A la grande surprise de Scouby, je lèche les boulettes de viande.
Vous comprenez, vous autres ? C'est pour établir ma suprématie ! Le chat dominant est celui qui mange le premier, cela, je le sais depuis mon séjour au refuge « Veeweyde » !
Scouby verse du lait dans une soucoupe. Surmontant mon dégoût habituel pour cette substance, j'avale à petites gorgées délicates une partie de l'infâme breuvage.
- Et maintenant, Ardoise, puis-je aller donner à manger au chat noir et blanc ?
- Je te le permets ! dis-je, magnanime.

Pendant qu'elle s'exécute, je retourne sur mon appui de fenêtre pour dominer la situation.
Scouby dépose l'assiette sur le sol de la terrasse. Le chat noir et blanc fait mine de ne pas voir la pitance, il prend des airs éthérés, décoche à ma mère adoptive des oeillades énamourées... Ce n'est qu'après bien des salamalecs qu'il consent enfin à se sustenter.
Coup de foudre réel ou comédie ? Je réserve mon jugement.

Après avoir vidé la gamelle jusqu'à la dernière bouchée, le matou lève les yeux vers la fenêtre... et m'aperçoit ! Il en reste figé de stupeur, l'espace d'une seconde puis, histoire de mieux m'admirer, il saute à son tour sur l'appui de fenêtre, à l'extérieur, et colle son museau contre la vitre. J'en fais autant de mon côté, bien sûr.

- Ardoise ! Viens faire connaissance, viens ! Regarde comme il est gentil et bien élevé !
Alors là, je ne suis pas d'accord, parce que je sais très bien ce qui va se passer ! Et, bien entendu, ça ne rate pas : elle vient vers moi avec mon collier et ma corde !...

Parce que, vous savez, il paraît que je ne peux pas sortir au jardin sans ma corde ! Paraît que je suis une fugueuse ! Paraît que j'entre chez les voisins sans leur demander la permission !

Je regimbe ; "Pas la corde ! De quoi je vais avoir l'air, moi, avec ce collier et cette corde? Tout mon prestige va se retrouver par terre !"
- Pas question que tu sortes sans ta corde, je te connais trop bien !
Tant pis ! Le cou orné d'un beau collier de velours bleu turquoise, je sors de mauvaise grâce, la queue aplatie, les pattes fléchies.
Le chat noir et blanc ne fait montre d'aucune défiance. Après m'avoir dévisagée avec curiosité ("C'est qui, cette drôle de bête tout grise ?"), il s'approche et nous nous tâtons mutuellement le museau. ("Tiens, c'est un chat, je n'aurais pas cru...").

Il faut avouer que malgré un visage patibulaire que lui confère un bon gros nez de boxeur, il a l'air assez accommodant. Je tiens toutefois à mettre les points sur les i dès notre première rencontre :
- Chat noir et blanc, c'est moi Ardoise, la chatte de cette maison ! Je vous avertis : j'accepte de vous voir batifoler sur la terrasse ou dans le jardin, mais la maison, c'est MON domaine, compris ?"
- Mais je n'ai jamais dit le contraire, douce et belle Ardoise ! proteste-t-il vertueusement, la patte sur le coeur.
Ayant ainsi parlé, il se détourne avec nonchalance et va faire un petit tour dans ce jardin que je viens de lui laisser... Je constate qu'à chaque tronc d'arbre, il lève la queue bien droite pour faire jaillir quelques gouttes odorantes qui marqueront son territoire... Est-ce un pied-de-nez à mon égard ?
J'affecte la plus profonde indifférence.
Mais quelles manières, grand Dieu, quelles manières !

Plus tard, dans l'après-midi, nous nous sommes revus plusieurs fois, moi faisant des mines à la fenêtre et lui rôdant à proximité de la terrasse. Je ne dis pas que c'est le grand amour, mais nous ne manifestons aucune hostilité l'un vis-à-vis de l'autre. S'il fallait me pousser à exprimer clairement ma pensée, je dirais que je ne suis pas mécontente, au bout de trois années passées exclusivement en compagnie de mes humains, d'avoir pu enfin rencontrer un congénère. Vous n'imaginez pas, les amis, comme ça peut être fatigant parfois de se retrouver, seule de sa race, au milieu d'êtres fondamentalement différents de soi... même s'ils sont bien intentionnés ! C'est rafraîchissant de pouvoir, de temps à autre, parler son propre langage avec quelqu'un qui le comprend et vous répond sans accent ! Si vous saviez toutes les significations que peuvent revêtir les sons : "Miaou ! Rrrrou ! Rrrrou ! Mééééou !" Aucun humain ne pourra jamais saisir la subtilité de mon langage... Mais font-ils de réels efforts, mes humains ? C'est là que le bât blesse... Moi, j'étudie, je comprends presque tout ce qu'ils disent, mais eux... n'en parlons pas ! Enfin...

Revenons à nos moutons... ou plutôt à notre chat noir et blanc.

Quelques jours plus tard, il faisait beau. Scouby était assise dans son fauteuil de jardin, à savourer les rayons du soleil, et moi j'étais étalée dessous, pour me préserver du même soleil !
Il va sans dire que j'étais à nouveau coquettement revêtue de mon collier de velours bleu et de ma corde... rose, vous imaginez ! Ca fait un peu layette je trouve… Pourvu que je ne sois pas trop ridicule !

Quand vous avez une longue, longue corde autour du cou, certains petits jeux sont possibles : ainsi, vous pouvez tourner interminablement autour d'un fauteuil, en faisant de très jolis noeuds, très artistiques. Quand vous vous retrouvez ficelée comme un saucisson, vous gémissez lamentablement... et contemplez, satisfaite, vos humains s'escrimer à défaire votre ouvrage. Puis, à peine êtes-vous libre que vous pouvez recommencer...
Ca les fait enrager, c'est euphorisant !
Et puis, ça leur apprendra à m'attacher de manière à ce que je ne puisse pas franchir la haie du jardin ! Moi qui aime tant me faufiler chez le voisin !

Donc, j'étais occupée à virer, à tourner... Je chantonnais même, d'une petite voix mélodieuse :

"Sous ta chaise Michèle, (vrai nom de Scouby)
Tourne-ron-ron !
Si la corde s'emmêle,
C'est bon, c'est bon !
Peaufinons la technique,
Tournicotons !
Ah quelle gymnastique,
J'en suis coton !
Sous ta chaise Michèle,
Tourne-ron-ron !
Je suis ton chat fidèle
Et polisson !"

- Comme c'est mignon, ces petits miaous, Ardoise !
Je fredonne une chanson de ma composition, et elle appelle ça des "petits miaous" ! Ecoeurée, je ne réponds pas et tourne de plus belle. Elle va avoir du mal à défaire ces noeuds-là !
J'en souris dans mes moustaches.

- Oh, Ardoise, regarde qui arrive ! Ton copain le chat noir et blanc !
- QUOI !

Mon sang (lui aussi) ne fait qu'un tour : en une seconde, je refais en sens inverse mon patient chemin et débouche à l'air libre, hagarde, la queue fouettant rageusement l'air.
Et puis, subitement, je réalise qu'à cause de ce raseur de chat, j'ai fait une fameuse bêtise : j'ai démontré que j'étais capable de défaire mes noeuds moi-même !
Et Scouby, habituellement si distraite, l'a vu ! Enfer et damnation !

- Bonjour, douce Ardoise !
- 'jour !
- On est hargneuse, aujourd'hui ?
Je ne daigne pas répondre. Je suis de mauvaise humeur, ça se voit, non ?
Et l'intrus, là, avec son éternel sourire !
Il s'approche innocemment. Je lève une patte et... vlan ! Une gifle, sans rentrer mes griffes. Vous n'imaginez pas le bien que ça fait ! A moi, bien sûr, pas à lui…
Il recule prudemment.
- Votre charme est piquant, chère Ardoise !
Je me redresse et lui rétorque avec emphase :

"Oncques ne cherche noyse
A la vaillante chatte Ardoyse !"


- ?????????????
- C'est la fière devise de ma noble famille, dis-je.
Il en a le souffle coupé.
- De mère en fille, Ardoise de Gouttière ; avec un petit de, précisé-je.
Le regard de l'abruti s'éclaire : " De Gouttière ! Moi aussi, je suis un de Gouttière !" s'écrie-t-il.
- Certainement pas de la même branche ! rétorqué-je dédaigneusement.
- Mais peut-être bien du même arbre !
Je déteste les chats qui font de l'esprit !

Parce que, évidemment, pour tout vous dire, la "fière devise de ma noble famille" n'est pas de moi ! J'ai demandé à l'esprit de la chatte Caramel de m'aider en cette circonstance, cela ne lui a pris qu'un instant de réflexion.
- Oh que c'est beau ! Oh que ça fait de l'effet ! me suis-je extasiée avec gratitude. Mais pourquoi on ne pourrait pas dire plutôt :
"Oncques ne cherche noyse
à la TERRYBLE chatte Ardoyse" ?
Ca me ferait un y de plus, j'aime bien les y !!!
Elle a tellement ri qu'elle a failli s'étrangler, malgré son absence de corps terrestre.
- Point trop n'en faut, petite chose ! Si je te qualifie de "terrible", avec ou sans y, le monde s'en tiendrait les côtes jusqu'à la consommation des temps !
Elle exagère ! Je peux avoir l'air "terryble" si je veux !
- En tout cas, le chat noir et blanc va en être baba ! La dernière fois que je l'ai vu, j'ai craché pour l'intimider, mais il n'a pas été impressionné ! Et Scouby et Daniel non plus ! Comment est-ce possible ?
- Montre comment tu as fait.
J'ouvre grand la bouche, montre mes dents aiguës, roule des yeux : "Kssssst ! Frrrrrt !"
- Voilà, c'est bien ce que je pensais : tu n'es absolument pas crédible !
- Hein ?
- Tu as oublié de gonfler ta queue ! Un chat vraiment en colère gonfle la queue. En plus, c'est excellent pour les poils, ça les aère.
- Mais j'ai déjà une belle queue bien touffue ! Et puis, je ne sais pas comment on fait pour...
- Regarde !
Horreur ! En un instant, je me trouve face à un monstre : des yeux de braise, une échine de dragon, une queue trois fois plus grosse qu'à l'ordinaire !...
- Kaï ! Kaï ! J'ai peur !
- Tu vois, dit-elle en reprenant instantanément son aspect normal de chatte distinguée, c'est comme ça qu'on fait ! Mais tu n'es vraiment pas douée pour l'intimidation, il faut bien l'avouer !
- Tant pis, je me contenterai alors de la fière devise de ma noble famille... Vous avez une devise, vous, Vot'Seigneurie ?"
- Bien sûr ! Avec un blason oeil d'azur et extrémités couleur vison sur fond de sable !

"Noble Fleuron de la Gent Féline,
Chat Royal et Sûr de Son Droit,
En Tous les Temps Digne de Foi,
Gloire et Honneur au Siamois !"


- Mazette, c'est-y possible !
Elle ne se prend pas pour rien, Sa Seigneurie !
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 11 Déc - 19:27

merciii beaucoup sa me fera de la lecture quand je reviendrait de lhopital Very Happy Very Happy
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 18 Déc - 15:28

Revenons une nouvelle fois à nos moutons... ou plutôt à notre chat noir et blanc. Orca de son prénom.
Parce qu'il a même un prénom, maintenant ! Quel toupet !

Il se conduit exactement comme si nous avions gardé les souris ensemble, ce qui n'est pas du tout, mais alors pas du tout le cas !
Et voici qu'il s'approche de Scouby qui lui fait fête ! Et voilà que Daniel lui grattouille le cou !
Quel sans-gêne ! Je suis offusquée.
Je m'assieds précautionneusement sur l'herbe verte et regarde d'un autre côté. Les faits et gestes de cette créature ne m'intéressent absolument pas ! Je regrette bien de lui avoir gentiment reniflé le nez le jour où nous avons fait connaissance : il a dû se faire des idées erronées sur la suite de nos relations.

Alors, voilà le tableau :
A gauche : moi, paresseusement étendue sur l'herbe, bayant aux corneilles et contemplant le ciel d'un oeil (faussement) absent.
A droite : lui, assis sur son derrière, occupé à se lécher avec méthode, l'air très absorbé.
Au centre : Scouby et Daniel dans leurs fauteuils de jardin, nous considérant tous deux, dans l'attente de la suite des événements.
- Ce n'est pas vraiment Roméo et Juliette...
- Non, c'est plutôt Charles et lady Di !

L'Orca (puisque Orca il y a) se lève et se dirige à nouveau vers moi, tout sucre tout miel.
Il s'est lavé avec un soin méticuleux et regrette visiblement de n'avoir pu s'asperger d'eau de toilette. Son pelage brille comme un miroir.
- Noble Ardoise...
Je m'arrache à mes songes et pose un oeil glacé sur ce misérable insecte qui ose m'adresser la parole.
- Me trouvez-vous tellement antipathique ?
- Z'êtes pas mon idéal masculin.
- Oh ! Toutes les chattes du coin trouvent que je ressemble à Depardieu !
Je le dévisage : ce gros nez ! Ces petits yeux !... Bon, c'est vrai qu'il a quelque chose de Gérard...
Mais cette fourrure où le blanc et le noir alternent de si étrange façon ! Je ne m'y ferai jamais !
- Pourquoi ne me permettez-vous pas de faire un petit tour à l'intérieur de votre maison? Juste pour regarder ?
- Pas question !
Il soupire. Il pense toutefois que je ne suis pas là tous les week-ends et que les humains sont quand même plus faciles à manipuler...

En quoi il n'a pas tort.
Cette semaine, Daniel a pris congé et est venu tout seul dans notre maison de campagne. Orca s'est attaché à ses pas et l'a couvert de regards extasiés.
Sensible à cette admiration, Daniel lui a offert, au premier jour de leur cohabitation, des friandises "Croc'Menu Félix".
- C'est bien meilleur que les boîtes de M'dame Scouby ! a estimé Orca, en connaisseur.
Le second jour, Daniel lui a offert de la pâtée "Friskies".
-J'n'ai jamais rien mangé de si bon ! a ronronné joyeusement l'Orca.
Le troisième jour, Daniel l'a brossé et lui a enlevé des tiques qui infestaient sa fourrure.
Le quatrième jour, Orca se prélassait dans un fauteuil à côté de Daniel et faisait une timide incursion dans la maison. Il est même entré dans la cuisine pour regarder comment Daniel préparait sa nourriture.

Le lendemain, Scouby est arrivée par le train. Moi j'étais restée à l'appartement avec Olivier.
Daniel a bien dû la mettre au courant de l'évolution de la situation :
- Tu sais, heu... Orca n'aime plus les boîtes bon marché ni les croquettes que tu lui as achetées... Il préfère les Friskies et les Croc'Menu ! Et le saumon fumé ! et...
- Bon, ça va, j'ai compris !

A présent, quand je ne suis pas là, Orca se conduit comme le chat de la famille. Scouby lui a préparé un petit lit douillet avec un de ses vieux pulls, dans une caisse en bois déposée à l'abri de la pluie et du vent. Pour faire plaisir, le chat noir et blanc va y dormir, à l'occasion. Le reste du temps, en vrai vagabond qu'il est, il vadrouille dans le village.

Le week-end prochain, je serai obligée d'accompagner mes parents à la campagne, Olivier ne peut pas me garder. Je ne suis pas encore au courant des nouvelles habitudes de l'Orca...
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 18 Déc - 17:48

merciii ardoiseee
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 15 Jan - 8:37

Chapitre 7 : WEEK-END AVEC ORCA

Voilà, le week-end est arrivé et j’ai pris la route avec, il faut bien l’avouer, l’arrière-pensée de « snober » à nouveau ce chat noir et blanc qui s’imagine que ma famille lui appartient ! Je fais une fixation sur cet individu en ce moment, j’en rêve la nuit, c’est plus possible !

A peine sommes-nous arrivés, Daniel ouvre la porte qui donne sur le jardin et, bien sûr, qui est apparu aussitôt, tout guilleret ? Devinez !
- Miâââââââ ! Enfin vous voilà ! J’ai attendu toute la semaine, moi, j’ai faim !
Il ne semble pourtant pas amaigri… Il doit avoir de bonnes adresses, l’Orca !
- Bonjour, adorable Ardoise ! Z’êtes encore plus jolie que le week-end passé !
Il est tellement charmeur que je n’ai pu faire autrement que le saluer à la manière «chat» : mon petit nez à moi contre son gros pif à lui.
Puis, me rappelant mes précédentes résolutions, j’ai adopté une attitude distante tandis qu’il s’empiffrait joyeusement de croquettes et d’une boîte de « Félix ». Mon Félix à MOI !
- Tiens, Orca est plus propre qu’Ardoise, a remarqué Daniel qui n’en rate pas une. « Lui, il mange ce qu’il a laissé tomber à côté de son assiette, Ardoise, elle, laisse tout par terre! »
Je lui lance un regard meurtrier. Inutile de discuter avec ces humains, ils sont plus bêtes que mes quatre pattes !

Le repas terminé, je me juche élégamment sur un fauteuil de jardin pour faire ma sieste et Orca, toujours souriant et pacifique, se couche au pied dudit fauteuil.
Ah, au moins, ma suprématie est reconnue ! Je me dégèle insensiblement.
- Divine Ardoise…
- Keskya ?
- Moi aussi, je me suis trouvé un slogan !
- Un QUOI ?
- Un slogan ! Comme vous, avec tous ces mots ronflants qui se terminent par « oyse » !
Tout ce qu’il faut entendre ! L’orgueilleuse devise de ma noble famille, un slogan !
- Dites toujours…
Je m’attends au pire.
- « ORCA, MAITRE-CHAT ! » clame-t-il fièrement.
- Yaksa ?
- Ben quoi, ça vous suffit pas ? C’est percutant, ça sonne : « Orca, Maître-Chat !» sans oublier le point d’exclamation ! Ca veut tout dire, n’est-ce pas ?
- Bof !
Si tout le monde se met à avoir une devise, maintenant ! Ca devient d’un commun, vous ne trouvez pas ?

Il s’étire.
- Je vais me promener une heure ou deux. Si je ne vous vois plus ce soir, je vous souhaite une bonne nuit, divine Ardoise !
Mais où a-t-il appris à s’exprimer comme ça ? Pour un vagabond, il a assez belle allure, je dois bien l’avouer : propre, le poil bien brillant…
Et il va et vient librement ! Je me renfrogne : pourquoi dois-je subir ce collier bleu et cette corde rose, et pas lui ?
Je lui pose (un peu aigrement) la question.
- Il y a ainsi, dans l’existence, certains mystères insondables, dit-il avec philosophie. Ainsi, moi-même, je me demande souvent pourquoi vous avez le droit d’entrer dans cette maison et moi, non ?
Sur cette réflexion destinée à planter un germe de culpabilité dans ma petite âme si pure, il se détourne et s’éloigne d’un pas serein.

- Tiens, Orca ne passe pas la soirée avec Ardoise, aujourd’hui ? s’étonne Scouby.
- Il la trouve peut-être moche, avance Daniel.
Quand je vous disais qu’il n’en rate pas une ! Le goujat ! Scouby vole à mon secours.
- Il serait bien difficile, dit-elle. Une si ravissante petite chatte, avec une tête bien ronde, de beaux grands yeux verts bien fendus, de si belles moustaches tombantes et une superbe fourrure à triple épaisseur !
A cette énumération de mes charmes, je me rassure. C’est quand même vrai que je suis magnifique… et ma fourrure ! De première qualité, la fourrure, je vous le garantis ! Peut-être un peu rêche au toucher, mais bien épaisse, inusable !
Elle a raison Scouby ! Même si on dirait qu’elle réprime un petit sourire…
Quant à Daniel, je ne lui parle plus ! Je ne le regarde même plus. Pendant au moins cinq minutes. Ca lui apprendra ! Je me détourne d’un mouvement plein de fierté et regarde au loin.
- Ben quoi, Ardoise boude ? demande-t-il, étonné.
- Forcément, tu as dit qu’elle était moche ! Tu oublies qu’elle comprend tout ?
Il en reste comme deux ronds de flan. Il ne s’était pas encore rendu compte qu’effectivement, je comprends tout !

Le lendemain matin, samedi, Orca est là, bien sûr, à la première heure pour prendre son petit déjeuner ! Nous avons passé une journée détendue, comme je les aime. Moi, j’ai dormi, lui s’est baladé à gauche et à droite.

Une malheureuse jeune pie, encore toute petite, gisait morte sous le grand sapin.
Orca flânait dans le jardin quand il est tombé en arrêt devant le volatile inanimé.
- Tiens ! Mon repas !
Il s’en est emparé aussitôt et commençait à plumer l’animal d’une patte experte, lorsque Scouby l’a aperçu.
- Oooooh ! Quelle horreur ! Je ne peux pas voir ça !
Daniel a pris la pie des pattes de l’Orca tout ahuri, et est allé la cacher sous un amas d’herbe coupée, en attendant de s’en débarrasser définitivement.
- Et mon repas ?
Tout décontenancé, Orca est revenu dix fois à l’endroit où il avait trouvé la pie, s’attendant toujours à la voir reparaître comme par magie. Peine perdue !
Il n’en revenait pas : « Vous en avez de bonnes, vous ! Me voler mon repas ! »
C’était à mon tour de me montrer philosophe :
- Que voulez-vous, mon cher Orca, tout maître-chat que vous soyez, vous ne comprendrez jamais les humains ! Leurs réactions sont imprévisibles !...

Le soir, nous avons fait un barbecue et avons mangé des petits os grillés. Pour moi, Daniel a soigneusement détaché la viande de l’os et l’a coupée en petits morceaux. Il s’apprêtait à en faire autant pour l’Orca lorsque celui-ci a protesté : »Pas la peine, vous savez ! Je sais me débrouiller tout seul, suis pas une chochotte ! »
Et hop ! En un instant, des dents et des griffes, il a soigneusement nettoyé son os. Il n’y restait plus la moindre parcelle de viande, on voit qu’il a l’habitude de manger «sauvage»!
Heu… dans son esprit, c’est qui la « chochotte » ?

Le lendemain, dimanche, la situation s’est gâtée…
Après son petit déjeuner, Orca est allé faire une promenade digestive. Vers midi, il est revenu, mais en quel état ! Le museau ensanglanté, un œil fermé et purulent, la queue basse… Horrifiée, Scouby a essayé de lui nettoyer l’œil avec de l’eau tiède, mais… impossible de l’approcher !
- Si vous ne pouvez pas me guérir d’un seul coup, je préfère qu’on ne me touche pas ! a-t-il grommelé.
Que s’était-il passé ? Avait-il rencontré un autre chat belliqueux, s’était-il fourré dans les épines ?
Il a accepté un peu de nourriture pour se remettre de ses émotions, puis s’est éloigné. Sans même me dire au revoir !
Nous ne l’avons plus vu de la journée et, le soir venu, nous sommes rentrés tristement à la maison.

L’ambiance n’a pas été à la joie, cette semaine-là ! Mes parents n’arrêtaient pas de se faire des soucis pour leur petit « chat des champs » (Oui, moi je suis la « chatte des villes » et lui c’est le « chat des champs »)…
Ils avaient peur que ses blessures se soient infectées, ils se posaient des questions… Allaient-ils le revoir ? Je me le demandais aussi, en catimini.

Le vendredi suivant, ils sont partis à la campagne sans m’emmener, cette fois. Peut-être craignaient-ils de m’infliger un spectacle déprimant, avec ce pauvre Orca blessé... mort peut-être ! Je suis restée avec Olivier.
A peine arrivés à la maison, Scouby a ouvert la porte du jardin et, deux minutes plus tard quelle joie : une voix bien connue a retenti !
- Miâââââââ !
- Orca ! Viens, mon minou, je vais te donner à manger !
On dit que c’est solide un chat, eh bien je crois que c’est vrai : Orca ne se ressentait plus de ses blessures si spectaculaires ! Il avait de nouveau bon œil bonne patte, avec juste quelques cicatrices supplémentaires sur le museau.
Mes parents éprouvaient un tel soulagement que, bien sûr, l’Orca a été encore plus dorloté que de coutume ! Ils lui ont même ouvert la porte de la maison…
Il a passé sa tête dans la salle à manger et m’a cherchée des yeux en émettant un petit roucoulement. Puis, s’apercevant que, cette fois, je n’étais pas du voyage, il a trouvé une vieille croquette que j’avais abandonnée sur le sol et l’a mangée mélancoliquement en pensant à moi…
Du moins je le crois. Je suis un peu fleur bleue tout au fond…
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 15 Jan - 12:02

merci je lirer ce soir Very Happy
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeMer 24 Jan - 8:30

Chapitre 8 : MES JEUX ET MES REPAS

Pendant ce temps, j’étais bien contente, je jouais avec un cadeau que m’a fait Olivier (qui m’adore, comme chacun sait) : des petites souris en tissu. J’en ai une blanche, une noire et une grise qui me ressemble un peu…
Moi qui devenais un peu flemmarde, je suis transformée depuis que j’ai reçu ce présent, vous devriez me voir ! Je saute, je virevolte, je cours derrière les petites souris, je les pousse de la patte, je me couche dessus et les couve sous mon petit ventre bien douillet… Quels jouets, ouah ! Génial ! Quand j’en ai assez des souris, je me tourne vers mon « bébé ». Vous ne savez pas ce que c’est, mon bébé ? C’est une peluche qui a exactement la même teinte que moi, et elle est même tigrée ! Vous vous rendez compte? Personne ne sait quel genre de bête elle peut représenter, mais ça m’est égal. Je la secoue avec mes dents, la lance en l’air, la rattrape, la piétine, l’enfouis sous les coussins des fauteuils… C’est une bêbête à tout faire, vous voyez ?
Parfois Scouby prend une expression inquiète en me voyant jouer si fort.
- Je ne sais pas si tu as eu un jour des petits, avant qu’on se connaisse, Ardoise, mais j’espère bien que tu ne les traitais pas comme ça !!!
Ben quoi ? Qu’est-ce qu’il y a à redire à la façon dont je traite mon bébé ?
Elle se mêle de tout, ma mère à deux pattes, c’est un monde ça !

Me voilà avec mon bébé :

Mes Mémoires ScarSRGGA1D30082004150056694517

Il paraît que mes petites souris sont bourrées d’herbe pour chat… Je ne les ai pas ouvertes pour vérifier, j’ai assez d’herbe à ma disposition : à l’appartement dans un petit pot et à la maison, tout le jardin rien que pour moi ! Ce que j’aime faire avec mes souris, c’est les pousser subrepticement sous un meuble et puis me mettre à miauler d’un air éploré. Après, c’est très comique : toute la famille se met à quatre pattes pour chercher mes souris. Moi, juchée sur un fauteuil, je supervise les opérations. Puis, quand les souris sont retrouvées et déposées devant moi, bien alignées, je m’en désintéresse et vais inspecter le contenu de ma gamelle.

Si je n’y faisais attention, nous toucherions là à un sujet sur lequel je pourrais me révéler intarissable : la nourriture ! Il paraît que je deviens difficile, mais difficile ! Du moins, c’est ce que dit Scouby. S’il fallait m’écouter, moi, ce serait tellement simple de me contenter ! Le matin, en me levant, j’apprécierais une petite boîte fraîchement ouverte… des « pépites de dinde » ou quelque chose comme ça. Puis, vers midi, après ma première sieste de la journée, je me referais des forces avec un bon gros morceau de colin d’Alaska bien écrasé à la fourchette, je retournerais dormir un peu et, vers trois heures de l’après-midi, je m’enfilerais une portion de steak haché et, le soir… Mais j’arrête ici, paraît que je dois limiter mes ambitions. On ne fait jamais ce qu’on veut dans la vie ! Si c’était ma vocation, à moi, d’être gourmette ?
Un job qui m’aurait bien convenu, tenez, c’est « goûteur » chez Félix ou Whiskas… Hélas! Personne n’est venu me solliciter, personne n’a remarqué à quel point je serais douée pour ce métier ! Snif…

Scouby trouve que mes talents d’actrice s’affirment de plus en plus. Non seulement je joue avec mes souris en leur donnant vie, comme si elles étaient véritables (ce qui est l’enfance de l’art pour un chat), mais en plus, j’ai appris à tirer parti de l’immobilité même et ça, mes amis, c’est du génie à l’état pur ! Je vous explique :

L’autre jour, ma gamelle était vide… et Scouby ne l’avait pas vu ! Moi, si, faites-moi confiance !
Un chat ordinaire se serait installé devant son set de table en miaulant lamentablement. Ou bien serait allé égratigner les mollets de Scouby afin d’attirer son attention.
J’admets que, de temps à autre, j’ai recours à de tels expédients. Mais comme je ne suis pas un chat ordinaire (du moins je le crois), j’ai trouvé mieux, bien mieux !
Je me suis posée délicatement sur mon derrière, dans un coin de la cuisine, et j’ai baissé la tête, fixant le sol d’un air de profond accablement.
Au bout de quelques minutes, Scouby remarque mon attitude. C’est le moment d’amorcer ma métamorphose : en quelques secondes, sans bouger un poil, je me mue en un chaton de peluche, tout mignon et pitoyable. Un chaton qui attire, comme un aimant, un irrésistible besoin de protection ! Scouby n’en a pas cru ses yeux, de me voir comme ça ! Même la texture de ma belle fourrure semblait avoir changé : peluche à 100% ! Qu’est-ce que vous dites de ça ? J’étais très fière de moi !
Evidemment, j’ai obtenu satisfaction. Scouby se demande si, un jour, elle me connaîtra vraiment… J’en doute. Ma personnalité comporte tellement de facettes… Ca fait partie de mon charme, je crois.


Dernière édition par le Mer 24 Jan - 8:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeMer 24 Jan - 8:41

Chapitre 9 ORCA SE PERMET DES LIBERTES !

Le week-end suivant, je suis repartie à la campagne. Scouby et Daniel espéraient qu’au spectacle de mon jardin tout ensoleillé, je ferais un peu d’exercice pour maigrir… Du genre courir après les papillons, vous voyez ? Rien à faire, je ne vois pas pourquoi je me donnerais en spectacle en sautillant sur commande, j’ai ma dignité ! Et puis je ne suis pas grosse… j’ai l’air un peu enveloppé, mais c’est une illusion d’optique : ma superbe fourrure à trois épaisseurs en est responsable… En plus elle a des rayures horizontales, tout le monde sait que c’est grossissant. En plus… Et puis flûte, je n’ai pas à me justifier !

Mes parents étaient tous les deux sur la terrasse, il faisait superbe en ce milieu d’automne et moi, je dormais… pardon, je méditais sur un fauteuil à l’intérieur de la maison, dans la petite pièce qui donne sur le jardin. De ce siège moelleux, j’ai vue sur la porte. Il faut bien que je surveille Orca lorsqu’il se balade dans les parages !

- Tiens, vous êtes là, jolie Ardoise ?
Qu’est-ce que je disais ! Il a suffi que je ferme les yeux un tout petit instant pour que le loup montre sa queue !
Il n’a pas l’air tellement heureux de me voir, aujourd’hui, bien qu’il me salue avec sa courtoisie habituelle. J’ai cru comprendre que, lorsque je ne suis pas là, il mène mes parents par le bout du nez. Quand je suis présente, il doit se montrer circonspect : après tout, c’est moi, Ardoise, la maîtresse de maison ! Je vais d’ailleurs lui rafraîchir la mémoire à ce sujet, cela ne lui fera pas de tort !
L’air aimable, je l’interroge :
- La semaine dernière, z’avez passé un bon week-end avec MES PARENTS-Z-A MOI ?
Admirez le subtil sous-entendu ! Tout en finesse !
- Excellent ! rétorque-t-il suavement. « Un peu trop court, toutefois… deux jours, ça passe vite ! »
- La nourriture vous plaît ?
- Elle est délicieuse !
- Permettez que je vérifie ?
Sans attendre la réponse, je quitte mon fauteuil d’un bond, file droit sur la gamelle d’Orca et y plonge le nez.
Des croquettes ! Je m’empiffre avec allégresse. En général, je n’en reçois pas beaucoup parce qu’il paraît que je ne bois pas assez. Et un chat qui mange des croquettes doit boire, il paraît. Je me demande qui a inventé ça.
A un mètre de moi, silencieux mais l’œil inquiet, l’Orca me regarde vider son assiette. Scouby s’indigne : « Ardoise ! Tu n’as pas honte ? »
Moi ? Non ! Je sais bien que l’Orca ne va pas mourir de faim, il est tombé à la bonne adresse !
Quelques instants plus tard, l’estomac bien gonflé, je fais appel à ma dignité naturelle pour regagner mon siège d’un saut élégant, tandis qu’Orca contemple tristement les deux croquettes que je lui ai laissées par pure bonté d’âme.
- Pauvre Orca, s’apitoie Scouby, je vais te donner autre chose, attends !
Qu’est-ce que je disais !

Mais que vois-je ? C’est inouï ! C’est… c’est… inqualifiable !
Sans hésiter, l’Orca emboîte le pas à ma mère d’adoption et les voilà se dirigeant tous deux vers la cuisine !
Tapie dans mon fauteuil, je ne dis rien. Je rumine mes croquettes et mes mornes pensées. Vous imaginez quelle liberté s’est octroyée cet intrus, sans même m’en avoir demandé la permission ?
Et il faut voir de quel air naturel il arpente le carrelage de MA maison ! On croirait qu’il n’a fait que cela toute sa vie ! Assurément, il n’en est pas à son coup d’essai !
Si seulement il pouvait, dans un élan d’orgueil typiquement masculin, lever la queue et asperger les murs de ces quelques gouttes malodorantes qui, parfois, lui échappent ! Scouby le remettrait vite fait à sa place, la seule qui lui convienne : DEHORS !
Pleine d’espoir, je lève le nez, renifle les alentours… Aucune odeur suspecte, zut.
Il fait des efforts d’intégration, en plus !

Comme, ce week-end, Olivier nous accompagne, je fais bien attention : pas question que, d’un regard ou d’un tour de patte, l’Orca me vole l’affection de mon Grand Amour ! Heureusement, il n’y pense apparemment pas. C’est à Scouby qu’il réserve ses regards de merlan frit. Je me demande ce qu’il lui trouve… Moi, quand Olivier paraît, je ne vois plus que lui, c’est l’astre de mon existence !
Le seul problème, avec lui, c’est que lorsqu’il s’occupe de moi quand Scouby et Daniel ne sont pas là, il m’achète des boîtes que je n’apprécie pas tellement-tellement… Et pas moyen de lui faire comprendre que ces petites boulettes en gelée, je les aimais à la folie il y a six mois, plus maintenant ! Il ne saisit pas. Il croit que mes goûts sont immuables. Enfin ! Il faut bien que je mette un peu d’eau dans mon vin, comme on dit. C’est comme ça, dans un ménage !...

Ce dimanche, il fait toujours aussi beau, vraiment un temps exceptionnel. Scouby ouvre la porte du jardin et je m’élance vers ma touffe d’herbe favorite. Je mâchonne longuement, tout en inspectant l’horizon d’un œil de lynx : pas d’Orca en vue ! Je m’installe confortablement sous la table de la terrasse. La vie est belle !
Mais pourquoi Scouby et Olivier rient-ils ainsi ?
- Regarde en l’air, Ardoise !
- ?????
- Miââââââ ! approuve une voix bien connue.
Résignée, je lève les yeux et que vois-je ? Une tête de chat à l’envers !
L’ineffable Orca, bien installé SUR la table, se penche pour mieux me considérer. Je suis peut-être subjective (je le suis même certainement), mais là, j’ai vraiment vu une étincelle malicieuse danser dans son regard ! Je n’ai pas bronché, j’ai fait comme si ses pitreries ne m’intéressaient pas ! Et c’est vrai qu’elles ne m’intéressent pas ! Vrai, vrai, vrai !

Il ne m’a pas taquinée davantage. Il est parti se promener, me laissant en famille, et je ne l’ai plus vu jusqu’à l’heure du départ. J’en étais bien soulagée : je n’aimerais pas qu’il me voie emprisonnée dans mon panier de transport. Je dois ressembler à un mini-fauve ridicule dans cette masse de tissu décorée d’innombrables « Félix » ! Quand on me sort pour poser ma prison sur le siège arrière de la voiture, je me tapis tout au fond : je perdrais toute crédibilité aux yeux des chats du voisinage, s’ils devaient me surprendre dans une telle position ! Et j’ai beau protester vigoureusement chaque fois qu’on m’enferme dans ce panier, peine perdue ! C’est comme si je chantais «Au clair de la lune»!
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeMer 24 Jan - 18:35

merciii Very Happy
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MessageSujet: Re: Mes Mémoires   Mes Mémoires Icon_minitimeLun 5 Mar - 9:09

Chapitre 10 : L'ARBRE DE NOWELE

Tout doucement le temps s’écoule, les mois s’égrènent. L’automne a pris fin et nous voilà qui approchons de la période de Noël.

En ce moment, Scouby et Daniel sont en perte de tonus.
- Fichu hiver ! disent-ils.
- De quoi vous plaignez-vous, fais-je, confortablement allongée sur mon radiateur bien brûlant. « L’hiver c’est une chouette saison, on ne vous demande pas de sortir, yaka manger, dormir, ronronner… »
- Parle pour toi, Mademoiselle Yaka !
C’est bizarre, j’ai parfois l’impression que Scouby s’énerve quand je tiens des discours comme ça. C’est parce que j’ai toujours raison, elle supporte mal. Elle ne comprend pas la chance qui lui a été donnée par le ciel, de partager sa vie avec la perfection incarnée sous forme de chat !

- Mais pourquoi vous travaillez ? insisté-je. « Z’êtes bêtes : faites plutôt comme le Maître-Chat : il chasse, il pêche, il mendie à gauche et à droite et il dort quand ça lui plaît ! »
- Tu nous vois déjà faire la manche dans le métro ? Et tes boîtes de Félix ? Qui les paierait si on se laissait vivre, comme tu dis ? Et le chauffage ? Ca coûte, le mazout !
Là, je réfléchis : oui, bon, mes boîtes de Félix, c’est important ! Que dis-je ? Vital ! Mon radiateur encore plus ! Je ne l’abandonnerais pour rien au monde en cette saison !
- Finalement, la vie est une mosaïque de choix, dis-je rêveusement. Quand vous avez fait un bon choix, c’est en venant me chercher au refuge Veeweyde, ça c’est sûr ! Excellente initiative ! Pouviez pas mieux tomber que sur moi ! Le mauvais choix, c’est quand vous cochez les cases sur votre bulletin de lotto : vous ne tombez jamais sur les six bons numéros. Remarquez, je ne vous en veux pas pour ça… L’un compense l’autre, après tout! Comme vous devez être heureux, en rentrant du travail, de trouver un petit être aimant, sensible et intelligent, qui vous attend avec le sourire…
- … Et qui ne daigne même pas montrer qu’il est content de nous voir, enchaîne Scouby. « Un petit être aimant et sensible qui se contente de tourner la tête en émergeant d’un lourd sommeil et de grommeler : Tiens, déjà six heures ! Comme le temps passe ! »
- Parfois, je me précipite pour vous accueillir…
- Oui, tu te rues sur la table en balayant tout sur ton passage, tu cries : « Keskon mange? » et puis tu fourres ton nez dans mes sacs à provisions !
Je soupire. C’est l’incompréhension universelle, dans ce logis ! Je me dis toujours que, si je préparais pour de bon mon petit balluchon, ils se précipiteraient à mes pattes en les inondant de larmes et en me suppliant de rester. On peut toujours rêver…

L’autre soir, je me reposais béatement sur mon radiateur, comme de coutume.
La soirée s’annonce calme, Scouby et moi sommes seules. Pas de Daniel ni d’Olivier en vue. Je parie que nous allons toutes les deux nous offrir un petit plateau-repas et regarder la télé sur les genoux l’une de l’autre…

Mais keskelle fait, Scouby ?
Elle arrive dans la salle à manger avec un grand carton, elle dégage un coin du buffet.
- Ardoise, comme nous sommes toutes seules ce soir, nous allons en profiter : on va dresser le sapin de Noël !
- C’est quoi ça, un sapin de Nowèle ?
- Tu sais bien, comme on fait tous les ans !
- Tous les ans pour toi, c’est à peu près tous les sept ans pour moi, comment veux-tu que je me souvienne ? Montre ce que c’est, un sapin de Nowèle !
- Bon, moi je travaille et toi, Ardoise, tu t’installes sur ce petit bout de table, là. Assieds-toi sur ton derrière et reste bien sage !
- Mais je veux aider !
- C’est en restant bien tranquille et en admirant silencieusement ce que je fais, que tu vas le mieux m’aider !
Bon, ne la contrarions pas. Je m’assieds sur le petit bout de table, le bout de ma queue bien calé entre mes pattes antérieures, la tête et le dos bien droits, et je regarde, prête à admirer de confiance tout ce qu’on voudra !

D’un grand sac-poubelle, elle tire une tige de plastique et un trépied. Puis elle déploie les « branches » de la tige de plastique.
J’écarquille les yeux. Un arbre, ça ? Un sapin ? Je connais des sapins, nous en avons dans le jardin à la campagne, mais ça n’y ressemble pas ! Ce machin-ci est tout petit, tout malingre, tout rabougri !
- Ce sera plus joli quand ce sera garni, dit Scouby sans conviction.
Chaque fois qu’elle contemple son sapin après onze mois d’oubli, elle ressent un choc : c’est vrai qu’il est tout à fait misérable !
- Nous sommes du même avis, je pense, dis-je sans trop insister.
Mine de rien, j’ai aussi du tact parfois, comme l’Orca Maître-Chat !

D’un autre sac, Scouby tire des boules multicolores, des petits objets en bois, des angelots en tissu… tout cela incassable, bien sûr, à l’épreuve des pattes félines de qui vous savez… Prodigieusement intéressée, j’avance la tête d’un centimètre.
Elle accroche ces jouets aux branches du « sapin ». Puis vient un moment passionnant : elle déploie de longues guirlandes brillantes, bleues, blanches, dorées…
Cette fois, mes bonnes résolutions s’enfuient à tire d’aile. Prestement, je m’approche et d’un coup de patte, mets les guirlandes en mouvement. Ca scintille, c’est beau !
- Ardoise ! Je t’ai dit de rester assise sans bouger !
Mais à qui croit-elle parler ? A un chien ? Je ne suis pas un chien, mais un chat fier et indépendant, comme le dit si bien Sa Seigneurie !… Je continue mon petit jeu.
En désespoir de cause, Scouby trouve le moyen de m’éloigner en me faisant cadeau d’un morceau de guirlande. Tandis qu’elle poursuit tranquillement son travail de décoration, je joue par terre, parsemant le tapis de petits bouts de papier rutilant.
Peu après, ayant épuisé les charmes de ce nouvel amusement, je viens voir où elle en est.
Oh ! Elle a mis des petits personnages au pied du « sapin » et elle est en train de déposer une minuscule poupée dans une sorte de petit nid de paille ! Je tâte la poupée du museau.
- On ne mange pas le petit Jésus ! Pas touche à la crèche !
On le saura, hein ! Je ne peux pas toucher à l’arbre de Nowèle, ni à la crèche, ni aux cadeaux… Les cadeaux, c’est ça le plus dur, parce qu’ils sont tous surmontés d’un ruban doré qui tirebouchonne… et moi j’ADORE les rubans des emballages-cadeau !
Scouby les dispose artistiquement, en dissimulant de son mieux les objets de mon désir. Croit-elle me leurrer ? Je vais attendre qu’elle soit partie et ensuite… Peut-être même cette nuit, tiens !

Avec un air de fausse sagesse, je vais m’installer dans mon fauteuil préféré, près de la fenêtre, et je regarde au-dehors d’un air blasé.
Quoi ? Que vois-je ? Un MERLE sur mon balcon ?
Ma queue se met à fouetter l’air avec vigueur, mes dents claquent de convoitise.
Je me rue hors de mon fauteuil et soulève le rideau avec ma tête. Je suis hirsute et survoltée.
Le merle, bien à l’abri derrière la cloison de verre, me regarde d’un œil moqueur et lance quelques trilles. Puis il s’en va.
Frustrée, je regagne mon siège, la queue basse.
Ensuite, j’ai complètement oublié d’aller farfouiller dans les cadeaux !

Ce que je fais tout de même, de temps en temps, quand ils ne sont pas là, c’est aller jusqu’au sapin et déranger une guirlande dont la disposition ne me plaît pas. Mais apparemment, mes goûts en matière de décoration sont bien méprisés dans cette maison ! Immanquablement, je retrouve la guirlande comme elle était.
Bientôt, dans quelques semaines, Scouby va remiser l’arbre de Nowèle dans son sac-poubelle et le remettre au placard pour sept longues années félines. Pour ce faire, elle devra bien entendu en ôter toutes les guirlandes… et qui sera là, à l’affût ? Devinez !

Au réveillon de Noël, j’ai reçu des crevettes. C’était fameusement bon, j’en redemandais, vous pensez bien ! Puis j’ai mangé du steak. J’ai beau me plaindre de temps en temps, je ne suis pas si mal dans cette maison où le chat fidèle reçoit sa part du réveillon !
Il n’a pas dû se régaler comme moi, le pauvre Orca Maître-Chat, dans la nuit du 24 décembre, au fond de son bled perdu… Mais il se rattrapera au Nouvel An !

Evidemment, l’esprit de la chatte Caramel (Sa Seigneurie) s’est à nouveau montré à moi en cette nuit spéciale. Et elle n’a pas manqué de le critiquer, notre sapin !
- Qu’est-ce que c’est que CA ?
Je chuchote, intimidée comme toujours.
- C’est un arbre de Nowèle, Vot’Seigneurie !
Elle se déplace jusqu’au sapin, le contemple, le renifle…
- Ca ne sent rien… Ah, les choses ont bien changé depuis mon jeune temps !

Elle prend son envol et atterrit délicatement, comme une bulle, à côté de moi. Pendant ce temps, ma famille réveillonne sans soupçonner le moins du monde que j’ai de la visite! On me croit endormie… Ils sont vraiment obtus, ces humains ! C’est bien plus gratifiant d’être un chat !

- C’était comment, dans vot’jeune temps, Vot’Seigneurie ?
- Ah, petite chose, c’était bien mieux que maintenant !
Ca, je l’aurais parié ! Elle poursuit.
- Le Noël de ma jeunesse… Je veux dire, le premier Noël que j’ai passé ici, quelle fête ! Pour moi, je veux dire.
- Comment cela ?
Elle jette un regard désapprobateur sur MON arbre de Nowèle.
- Ils n’ont même pas mis les boules dorées et rouges, toutes brillantes, dans lesquelles j’admirais mon reflet !
- Non, mais y z’ont mis des petits objets en bois !
- En bois ! (elle lève les yeux au ciel). Comment peux-tu t’amuser avec des objets en bois ?
- Mais c’est pas pour moi, je peux toucher à rien, seulement admirer de loin, qu’elle a dit Scouby !
- Et toi, tu obéis comme un toutou ? Et mes leçons, qu’est-ce que tu en fais ?
- Hum, je…
- Enfonce-toi dans la tête que tu es un CHAT ! Un chat fier et libre qui fait tout ce qu’il lui plaît ! La gloire du monde animal ! Pas de compromis, avec un chat : c’est lui le maître !
Elle est tellement convaincante que je finirais par la croire. Je lève la tête, allonge les pattes, prends un air d’extrême dignité. Elle me regarde faire, un tantinet découragée. Apparemment, je ne suis pas très crédible… Parlons d’autre chose.
- Dites quand même comment c’était de votre temps, un arbre de Nowèle, Vot’Seigneurie!
- C’était plus grand que « ça » ! Plus touffu. Garni d’une multitude de boules que j’aimais agiter de la patte et voir s’écraser sur le sol avec un joli petit bruit cristallin. Un arbre de Noël, dans ma jeunesse, c’était fascinant ! Hélas, il y a bien longtemps de cela… J’étais toute petite encore. Après une année de séjour ici, je n’ai plus reçu d’arbre de Noël !
- Pourquoi ça ?
- Demande-leur, pourquoi ! Comment veux-tu que je le sache ? Comme par hasard, les années suivantes, ils déménageaient mon panier et ma gamelle dans une chambre et fermaient la porte qui donne sur la salle à manger ! J’étais confinée dans trois pièces durant plusieurs jours… Inutile de te décrire mon humeur ! Le soir, je pouvais sortir, sous étroite surveillance… et ne crois pas que j’avais les yeux dans la poche : j’ai bien vu qu’ils avaient dressé pour EUX un arbre de Noêl ! Ils voulaient en profiter tous seuls, les égoïstes !
Je compatis, tout en me doutant bien des raisons de cette mise à l’écart toute relative. La pauvre Caramel, avec sa mentalité de princesse chatte, ne pouvait pas imaginer une seconde que tout élément nouveau dans la maison ne fût pas destiné uniquement à son propre amusement ! Et je suppose que mes parents d’adoption n’avaient pas tellement apprécié, en ce premier Noël passé avec elle, d’entendre continuellement le bruit cristallin des boules rouges et dorées s’écrasant sur le sol…
- Vous aviez peut-être des compensations ? dis-je d’une voix encourageante.
- Il n’aurait plus manqué que ça ! s’exclame-t-elle. « Bien sûr, chaque soir, j’avais droit aux plus douces caresses, aux meilleurs morceaux de viande, à des petits carrés de chocolat bien crémeux… »
Je frissonne d’horreur : du chocolat ! Et crémeux, en plus ! Pouah !
Perdue dans ses rêves gourmands, Sa Seigneurie s’amadoue sensiblement.
- Enfin, c’est pas tout ça, dit-elle. « J’étais venue te souhaiter un joyeux Noël , petite chose, ainsi qu’à ma famille ! »
Et frrrrrrt ! Elle s’envole, comme la dernière fois. Moi, je m’endors. Je suis encore trop petite pour rester éveillée jusqu’à minuit !
[/b]


Dernière édition par le Sam 12 Mai - 10:11, édité 2 fois
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